La semaine des pollinisateurs européens s’est tenue à Bruxelles ces 28, 29 et 30 novembre avec possibilité de suivre les différentes sessions online.
La première session du troisième jour portait sur la récolte des données pour l’élaboration d’outils d’aides à la décision en faveur des pollinisateurs.
En effet, la récolte de données de terrains et leur interprétation visent à une meilleure compréhension des comportements des pollinisateurs exposés à divers stress environnementaux (climat, pollution, ressources). L’analyse de ces données permet la mise en place d’actions pour la restauration de la nature, le fil rouge de cette semaine de conférences. Aujourd’hui, les données manquent et ne permettent pas encore l’élaboration de mesures robustes et performantes.
Pour pallier à ce manque de données, BeeLife a présenté le projet EU Pollinator Hub qui consiste en une plateforme de récolte et de standardisation de données. Inscrit dans une dynamique collaborative, le programme vise à réunir des données vérifiées en amont, libres d’accès par ses utilisateurs et facilement réutilisables. L’EOSC (European Open Science Cloud) a également insisté sur ce principe de réutilisation des données, point central dans la collaboration entre les structures de recherches afin de contrôler et surveiller aussi bien les populations de pollinisateurs que celles de ravageurs.
Ce concept de partage des données a aussi été rejoint par l’Eurostat (direction générale de la Commission européenne chargée de l’information statistique à l’échelle communautaire). L’accumulation des données, leur accessibilité et leur analyse permettront d’attribuer une valeur comptable aux services ecosystémiques rendus par les pollinisateurs et de mieux définir leur contribution pour le secteur agricole. Avec pour objectif de récolter des données représentatives de 85% de la superficie agricole européenne utilisée, les conclusions des analyses d’Eurostat couplées à l’analyse des données d’utilisation des produits phytopharmaceutiques seront attendues vers 2028.
La seconde session, qui avait lieu au Parlement, abordait les enjeux de la Directive Miel et les préoccupations du secteur apicole face aux fraudes.
La séance était animée par Juozas Olekas (Commission Européenne). Insistant sur les fraudes et l’adultération des miels, il fut rapidement rejoint par Alain Maquet (JRC) qui a exposé de nouvelles méthodes pour déterminer les sucres exogènes dans le miel dans le but d’identifier les fraudes qui y sont associées. Pour harmoniser les méthodes de détection des sucres exogènes afin d’établir une méthode de référence à inclure dans la Directive Miel, un projet d’une durée de 3 ans a été établi (HarmHoney). Une table ronde technique suivie du processus de validation des méthodes (basées sur l’optimisation des marqueurs) seront nécessaires pour établir une procédure standardisée pour les laboratoires. Ces méthodes devront présenter une bonne performance mais aussi une capacité de détection avec une sensibilité et une spécificité suffisante pour identifier les miels adultérés. Une fois validée, les méthodes pourront être proposées à la DG-AGRI afin de les intégrer dans la Directive Miel européenne.
Ghislain Marechal (DG SANTE) a ensuite résumé le travail de la DG-AGRI concernant le développement d’outils, le projet de mise en place de contrôles analytiques et d’enquêtes, notamment via le système de traçabilité de type blockchain intégrant plusieurs critères. Ainsi, pour les miels produits dans l’Union et pour ceux importés dans l’Union en provenance de pays tiers, le système de traçabilité en chaîne permettrait aux autorités compétentes de retracer toute l’histoire du miel jusqu’aux apiculteurs récoltants ou aux opérateurs dans le cas des miels importés. Les données personnelles éventuellement incluses dans le système de traçabilité ne seront accessibles aux consommateurs qu’avec l’accord préalable des producteurs du ou des lots concernés. Il a également insisté sur le besoin d’un renouvellement des techniques analytiques et d’un renforcement de la législation.
Brigitte Misonne (Commission Européenne) a souligné le travail réalisé par les groupes d’experts, le Parlement et le Conseil sur la modification de la Directive Miel. Plusieurs points cruciaux ont été relevés et ont fait l’objet d’adaptations comme l’exigence d’une liste des pays d’origine dans n’importe quel mélange de miel vendu sur le marché (adaptation pour les petits contenants de moins de 25g). Clarifier l’étiquetage et préciser la terminologie (voir tableau ci-dessous) sont d’autres points essentiels qui amélioreront la transparence envers les consommateurs.
Exemples de clarification de terminologie |
Le « Miel filtré » ne peut être étiqueté comme « miel » |
Définir le « miel de boulangerie » en « miel industriel » |
Le terme « miel brut ou non chauffé » pourrait être introduit s’il vérifie des critères de composition et qu’aucun traitement thermique n’a dégradé les enzymes |
Ces nouvelles règles seront mises en application et les États membres disposeront d’un délai de 18 mois après l’entrée en vigueur des directives pour écouler les stocks et appliquer des dispositions.
Traçabilité et miels filtrés sont des concepts sur lesquels Etienne Bruneau (COPA-COGECA) est également revenu. Il s’est positionné sur l’exclusion de techniques d’évaporation frauduleuses et a fini en insistant sur l’importance de la transparence pour le consommateur et d’une législation adéquate afin de ne pas laisser la porte ouverte aux miels adultérés.
Constantin Dobrescu (Apiculteur roumain, vice-président de l’association Romapis) a enchaîné avec un discours faisant l’état des lieux de l’apiculture et des problèmes auxquelles elle est confrontée. La séance s’est finalement terminée par un temps de questions/réponses lors duquel des apiculteurs autrichiens et allemands ont fait part de leurs préoccupations tandis que certaines associations ont souligné le travail réalisé mais se demandent quelle sera la suite.
Rédaction et contributions : Orianne Rollin, Doriane Alberico, Carine Massaux.
Sources : https://www.eupollinatorweek.com