Des recherches internationales dévoilent de nouveaux impacts écologiques menaçants causés par les néonicotinoïdes
L’évaluation de 2017 du Task Force on Systemic Pesticides sur les néonicotinoïdes révèle de nouveaux risques pour la biodiversité et les écosystèmes
OTTAWA, le 19 septembre 2017 — Selon de nouveaux renseignements contenus dans une mise à jour de l’examen scientifique le plus exhaustif au monde sur les impacts écologiques des pesticides systémiques, les néonicotinoïdes représentent une menace sérieuse pour les écosystèmes partout sur la planète.
Le Task Force on Systemic Pesticides (TFSP) a diffusé la deuxième édition de l’Évaluation mondiale intégrée de l’impact des pesticides systémiques sur la biodiversité et les écosystèmes aujourd’hui, à Ottawa. Elle résume plus de 500 études effectuées depuis 2014, y compris certaines commandées par l’industrie. L’évaluation a également examiné le fipronil, un pesticide systémique étroitement lié que l’on utilise en Europe.
L’évaluation mise à jour confirme que les néonicotinoïdes ont des impacts majeurs et représentent une menace mondiale pour la biodiversité, les écosystèmes et les écoservices. Introduits pour la première fois dans les années 1990, les néonicotinoïdes sont maintenant les insecticides les plus courants dans le monde. En agriculture, ils servent à traiter les semences et les sols et on en trouve dans les produits de pulvérisation foliaire. Ils sont également utilisés sur les arbres, dans les produits antiparasitaires pour animaux, et dans les produits à usage domestique et commercial sur les surfaces gazonnées.
« Les conclusions d’aujourd’hui réitèrent le besoin de cesser l’utilisation massive de pesticides systémiques, notamment et immédiatement leur usage prophylactique dans le traitement des semences, a déclaré Jean-Marc Bonmatin, chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique français et vice-président du TFSP. L’utilisation de ces pesticides va à l’encontre des pratiques agricoles écologiquement durables. Ils n’offrent aucun réel avantage aux agriculteurs, appauvrissent la qualité des sols, dégradent la biodiversité et contaminent l’eau, l’air et la nourriture. Il n’y a plus de raison de continuer ainsi, de courir vers la destruction. »
Le rapport est composé de trois articles qui examinent de nouvelles données sur le mode d’action, le métabolisme, la toxicité et la contamination environnementale des néonicotinoïdes et du fipronil; les effets létaux et sublétaux des néonicotinoïdes et du fipronil sur les organismes et leurs impacts sur les écosystèmes; et l’efficacité des néonicotinoïdes et du fipronil en agriculture et les méthodes alternatives efficaces pour lutter contre les ravageurs.
« Seule une toute petite fraction d’un pesticide utilisé atteint l’objectif du produit qui est de combattre les ravageurs. Essentiellement, il ne fait que contaminer l’environnement et causer des dommages aux organismes non ciblés, explique Faisal Moola, Ph. D., directeur général de la Fondation David Suzuki. Nous lançons un appel au gouvernement du Canada afin qu’il accélère le processus d’abandon du pesticide néonicotinoïde imidaclopride et qu’il mette fin à l’utilisation de tous les autres néonics sans plus attendre. Nos écosystèmes naturels et nos sources alimentaires en dépendent. «
En 2013, l’Union européenne a imposé un moratoire sur certains usages de l’imidaclopride, de la clothianidine et du thiaméthoxam pour les cultures qui attirent les abeilles, et étudie maintenant une proposition visant à étendre ce moratoire. La nouvelle loi française sur la biodiversité comporte une disposition voulant interdire tous les néonicotinoïdes dès septembre 2018.
La clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxam sont les néonicotinoïdes les plus courants au Canada. La clothianidine fait partie des 10 principaux insecticides vendus dans le pays depuis 10 ans.
L’ARLA a proposé une élimination graduelle sur trois à cinq ans de l’imidaclopride pour les usages agricoles et la majeure partie des usages extérieurs. La date cible pour rendre la décision définitive a été fixée à décembre 2018. L’ARLA a également entamé des examens spéciaux des risques que posent la clothianidine et le thiaméthoxam sur les insectes aquatiques.
À l’été 2017, le gouvernement du Québec a déposé un projet de règlement pour renforcer l’encadrement les néonicotinoïdes, pour y inclure notamment les semences enrobées négligées jusqu’ici du bilan des ventes de pesticides, et pour restreindre l’utilisation des néonicotinoïdes.
« Globalement, l’expérience mondiale effectuée sur les néonicotinoïdes ressort comme un exemple clair d’un échec de la lutte contre les ravageurs, a affirmé M. Bonmatin. Les gouvernements de partout sur la planète doivent emboîter le pas aux pays comme la France pour interdire les néonicotinoïdes, et progresser vers des modèles de gestion durables et intégrés pour la lutte contre les ravageurs, et ce, sans tarder. »
« Compte tenu de la menace que les néonicotinoïdes font peser sur l’environnement et notre santé et des alternatives existantes, nous devons tous travailler avec les agriculteurs pour que la transition vers une production alimentaire moins polluante se fasse le plus rapidement possible », a déclaré Noa Simon Delso, vétérinaire et écotoxicologue au CARI.
La mise à jour de 2017 du TFSP sera publiée dans une prochaine édition de la revue scientifique Environmental Science and Pollution Research.
Le communiqué de presse signé par la Task Force on Systemic Pesticides et le CARI