Webinaire sur la gestion durable des colonies pour lutter contre le Varroa

      Commentaires fermés sur Webinaire sur la gestion durable des colonies pour lutter contre le Varroa
Webinaire sur la gestion durable des colonies pour lutter contre le Varroa

Ce mercredi 30 avril 2025, l’European Beekeeping Association (EBA) organisait un webinaire abordant une vue d’ensemble des meilleures pratiques apicoles pour le traitement des colonies et la lutte intégrée contre Varroa destructor. L’intitulé de ce webinaire était « Adopter des pratiques de gestion durable des colonies pour améliorer la santé des abeilles ».

Ce webinaire était organisé en 3 présentations abordant les différents aspects de la thématique des bonnes pratiques apicoles pour lutter contre Varroa destructor :

1ère présentation : Docteur Giovanni Formato
Une plateforme recensant les pratiques apicoles européennes (B-THENET)

Le Dr. Formato nous a présenté la plateforme B-THENET, qui incite la solidarité entre apiculteurs mais également entre tout acteur influençant, de près ou de loin, le milieu apicole. 

Apparence de la plateforme présentée

Cette plateforme, dont on vous avait déjà parlé ici, permet de recenser toutes les pratiques apicoles mises en place en Europe (mais également hors Europe) en demandant aux apiculteurs de répondre à une enquête. Celle-ci permet de recenser les connaissances acquises dans les divers pays et de les partager. Cette collecte est enrichissante car chaque pays fait face à ses propres enjeux et contraintes environnementales et possède ses propres équipements.

Il s’agit d’une approche « multi-acteurs » qui implique donc des acteurs de divers milieux. Elle prend en compte non seulement les apiculteurs qui informent et partagent sur leurs pratiques mais également les décideurs politiques ou scientifiques concernés par la thématique. L’idée est de renforcer la solidarité entre les acteurs afin de partager au mieux les informations et d’en apprendre davantage sur les diverses pratiques apicoles.

Dr. Formato nous a expliqué que, face à une mortalité des colonies aussi importante, il est intéressant de définir l’origine de cette mortalité, de se renseigner sur les différentes pratiques mises en place face à cette problématique et de pratiquer une prévention en contrôlant les facteurs influençant cette mortalité. 

Il a conclu sa présentation par une invitation à participer à cette enquête afin de récolter des informations et d’obtenir une diversité conséquente dans les pratiques recensées.

2ème présentation : Docteur & Professeur Ivana Tlak Gajger
La bonne utilisation des différents traitements chimiques pour traiter les colonies

Docteur Ivana Tlak Gajger a commencé la présentation en nous rappelant que l’état des colonies dépend non seulement de leur force (lié à leur taille, leur génétique et leur nutrition) mais également des facteurs environnementaux (météo, humidité) ainsi que des pratiques apicoles.

Graphique, adapté de la présentation et traduit en français, illustrant les relations factorielles liées à l’état de la colonie

D’ailleurs, vis-à-vis des pratiques apicoles, elle a fortement insisté sur le principe suivant : selon elle, la ruche en elle-même n’ayant pas de métabolisme, tout traitement appliqué va y rester. Il est donc primordial de veiller à un bon usage des différents traitements appliqués. Elle a également souligné le fait que la législation européenne met à disposition une liste des substances autorisées ainsi que les recommandations d’utilisation de ces dites substances.

Dans le cas de la lutte contre Varroa destructor, ce parasite nécessite des traitements médicamenteux afin de gérer son infestation. Sa gestion est essentielle car la plaie engendrée sur l’abeille par Varroa destructor (pour se nourrir) est une porte ouverte à tout type de virus ou pathogène. Il est donc important de rester vigilant tout au long de l’année.

Dans cette perspective, elle a rappelé la méthode de suivi du taux d’infestation prénommée « sugar shake » selon laquelle un prélèvement de 250 à 300 abeilles est mis dans un pot transparent avant d’être recouvert de sucre et d’être « secoué » afin de décompter le nombre de Varroa qui auront chuté. Cette méthode permet d’estimer s’il est nécessaire d’agir immédiatement ou si l’apiculteur peut attendre pour traiter sa colonie.

En cas de présence de nectar et/ou de miel, Dr. Tlak Gajger déconseille d’utiliser un traitement chimique et propose de se tourner plutôt vers des techniques telles que l’encagement de la reine ou le retrait du couvain mâle.

Dr. Tlak Gajger a également expliqué que le rôle de tout apiculteur, lors du traitement de ses colonies, est d’être la mémoire de sa ruche. Il est primordial de mettre en place un suivi rigoureux de tous les produits utilisés ainsi que des durées de traitement afin d’appréhender au mieux la suite du traitement.

Elle a clôturé sa présentation en proposant le développement de la communication entre apiculteurs. Ainsi, des voisins apicoles pourraient s’organiser vis-à-vis des traitements à effectuer dans le but de les réaliser simultanément. Selon elle, cette simultanéité de traitements réduirait les risques de transmission d’une ruche malade à une ruche saine par les vols de butineuses et faux-bourdons non traités.

3ème présentation : Docteur & Professeur Aslı Özkırım
La lutte intégrée contre le Varroa destructor

Sachant que le développement des parasites est synchronisé avec celui de leur hôte, la Dr. Özkırım a mis l’accent sur l’importance du respect et de la connaissance de la biologie de l’abeille afin de lutter contre Varroa destructor. Elle a rappelé que le but d’un parasite n’est pas de tuer son hôte car ce dernier lui est utile pour sa survie. L’origine de la mortalité de l’hôte provient en réalité de son affaiblissement (lié à la présence du parasite) face aux facteurs extérieurs tels que des pathogènes, l’environnement ou le climat.

La lutte intégrée, selon Dr. Özkırım, consiste à réaliser une gestion du Varroa destructor tout au long de l’année, peu importe la saison. Dans cette optique, elle nous a présenté les différentes pratiques à mettre en place, selon la saison.

Illustration des 4 saisons (c) Freepik

En Hiver : L’utilisation d’acide organique est recommandée lors de cette saison. Une attention toute particulière est fixée sur l’humidité (celle de la ruche mais également celle extérieure) et ce, pour toute la durée du traitement. En effet, l’humidité est un catalyseur de beaucoup d’autres détracteurs du bon développement de la ruche.

Au Printemps : Plusieurs pratiques sont envisageables en fonction de l’état de la colonie.
Tout apiculteur peut :

  • Créer un piège pour les Varroas en récoltant le couvain mâle ;
  • Encager sa reine, afin de créer un arrêt de ponte ;
  • Surveiller le taux d’infestation à l’aide de la méthode « sugar shake ». Cette dernière favorise le « grooming », processus qui permettra aux abeilles adultes de déloger les varroas phorétiques. Une remarque est pointée vis-à-vis de la vigilance d’une contamination de ce sucre dans le nectar.

D’autres méthodes sont également envisageables :

  • Placer une trappe à pollen à l’entrée de la ruche. Le placement de ces trappes à pollen favorise le nettoyage des butineuses au retour dans la ruche.
    /!\ Cette méthode est conseillée aux apiculteurs expérimentés uniquement, car elle présente certains risques en cas de mauvaise gestion. Le pollen étant une ressource essentielle à la survie d’une colonie. /!\ 
  • Utiliser un gel contenant un acide organique. En combinant un acide organique avec soit de la glycérine, soit de la chitosane, l’apiculteur forme un gel qu’il peut appliquer dans sa ruche. Cette formation de gel peut empêcher l’évaporation de l’acide et allonger son temps d’action au sein de la ruche.

En Été : En période de miellée, tout traitement chimique est déconseillé dû à la présence du miel. Il est nécéssaire d’assurer une qualité de miel tant pour nos récoltes que pour la formation des abeilles d’hiver.

/!\ Ces méthodes biotechniques ou chimiques appliquées tant au printemps qu’à l’été sont à réaliser avec précaution en tenant compte de l’état de la colonie ainsi que de l’avancée de la miellée afin d’éviter un affaiblissement de la colonie mais également une contamination du miel. /!\ 

En Automne : Pour Dr. Özkırım, cette saison est le point clé du combat contre le Varroa. L’automne est d’autant plus importante qu’elle héberge la formation de la prochaine génération de la colonie. Les jeunes abeilles doivent être exemptées de Varroas afin d’éviter un affaiblissement. Les trappes à pollen sont à proscrire lors de cette saison parce que le pollen contient des protéines essentielles au développement des futures abeilles. A contrario, un traitement à base d’acaricide synthétique ou d’acide organique est approprié pour lutter contre ce parasite.

Conclusion

Les 3 conférenciers de ce webinaire ont mis l’accent sur 3 grandes actions à mettre en place face à Varroa destructor :

  • Etre solidaire autant dans nos traitements que dans l’échange de nos pratiques ;
  • Respecter les recommandations des fabricants ;
  • Respecter la biologie des abeilles.

Ainsi, l’application de ces 3 principes permettraient d’optimiser la lutte contre Varroa destructor sans impacter les colonies d’abeilles traitées.

« Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite. »

Henry Ford