Retour sur la démonstration d’un nouveau kit de détection de nid de frelons asiatiques (Robor Electronics)

Ce vendredi 29 août, le CARI a eu l’opportunité de suivre une démonstration réalisée par Bart Callaert (de Wallabieke), représentant belge de la société Robor Electronics, concernant l’utilisation d’un nouveau kit de détection de nid de frelons asiatiques.

Robor Electronics développe des applications et logiciels électroniques au service des personnes, des animaux et de l’environnement. Dans le cas du frelon asiatique, cette société a développé une méthode pour localiser précisément un nid en plaçant un émetteur sur un frelon issu de ce nid. Cette technologie donne lieu à des recherches ciblées à l’aide de récepteurs directionnels et/ou d’un smartphone.

a. Composition du kit

Bart Callaert a commencé la démonstration en nous présentant le contenu du kit : il s’agit d’une mallette contenant tout le matériel nécessaire à la détection d’un nid (voir Figure n°1 ci-dessous).

b. En théorie

Le principe général repose sur le suivi d’un frelon jusqu’au nid auquel il appartient grâce au signal émis par un récepteur fixé préalablement sur son corps. Le signal émis peut être capté jusqu’à 700m. Mais certains obstacles comme des bâtiments et des arbres peuvent limiter la perception du signal jusqu’à 500m. Néanmoins, en utilisant une antenne ou un drone, le signal n’est plus entravé par ces obstacles et peut être perçu jusqu’à 2 km de distance !

La démonstration réalisée ce vendredi nous a permis d’appréhender la manipulation de tout ce matériel et la suite de cet article vous explique succinctement comment détecter un nid à l’aide de ce matériel.

c. En pratique

1. Première étape : la fidélisation du frelon

Cette étape doit être réalisée la veille de la recherche du nid. Si le délai entre la fidélisation et la localisation est trop long (plus d’un jour), les risques de ne pas retrouver le nid augmentent (mortalité, changement de rôle,…) . 

• En vue de fidéliser un frelon, l’observateur pose un appât sucré qui diffuse sur une languette afin d’attirer un frelon sans le piéger (voir Figure n°2 ci-dessous) Un ou plusieurs frelon(s) reviendront fréquemment sur cet appât sucré d’où la qualification de « fidélisation ».
• Afin de s’assurer qu’on a bel et bien un frelon fidélisé et pour le repérer parmi les autres frelons, il faut le marquer : à l’aide d’une cage de marquage à reine, un point de couleur est apposé sur son thorax. Lors de la démonstration de ce vendredi, deux frelons étaient fidélisés : un marqué en vert, l’autre en blanc.
• Une fois le frelon marqué, l’observateur peut identifier dans quelle direction part-il et combien de temps met-il entre chaque ravitaillement de manière à estimer la distance séparant le nid de l’appât, sachant qu’une minute équivaut ± à 100m. Par exemple, lors de la démonstration, le frelon ‘blanc’ revenait après 4 min 30 s entre chaque ravitaillement ce qui signifiait que son nid était à une distance approximative de 450m.

2. Deuxième étape : le placement de l’émetteur sur le frelon

• Avant de placer un émetteur : l’observateur vérifie à l’aide d’un pot et d’une balance disponibles dans le kit que le frelon pèse plus de 300 mg, soit un poids nécessaire lui permettant de supporter le poids de l’émetteur (± 170 mg) et de voler jusqu’à son nid. Il s’agit là d’une condition sine qua none !
• Pour attraper le frelon fidélisé afin d’y placer l’émetteur : l’observateur laisse d’abord le frelon se « nourrir » de l’appât. Un frelon reste en moyenne 2 min 30 s sur l’appât, ce qui laisse le temps nécessaire pour l’attraper délicatement à l’aide du piège à insectes disponible dans le kit. Cet outil permet d’attraper le frelon sans le blesser (voir Vidéo n°1 ci-dessous).

• Pour placer l’émetteur : l’observateur utilise un outil composé d’un tube et d’un plateau. Le frelon est naturellement guidé depuis le piège vers le tuyau (voir Vidéo n°2 ci-dessous). Il est ensuite progressivement poussé vers l’extrémité du tuyau. À l’aide d’une pince noire, l’observateur attrape alors le frelon en englobant son abdomen. En l’immobilisant de cette manière, l’émetteur peut être fixé entre le thorax et l’abdomen à l’aide d’un crochet. Cette manipulation est expliquée plus en détail via cette vidéo très qualitative.
  

• Lorsque l’émetteur est placé : le frelon est déposé dans une tente à insectes de quelques dizaines de centimètres sur quelques dizaines de centimètres où l’observateur peut vérifier qu’il sait encore voler malgré la gêne occasionnée par l’émetteur. Une fois la capacité de vol confirmée, le frelon est relâché.

Lors de la démonstration, le frelon balisé a d’abord montré sa gêne en se posant dans l’arbre au-dessus de l’appât, le temps de « s’adapter » à l’émetteur. Puis, il est retourné à l’appât pour prendre des forces avant de repartir vers la direction de son nid qui avait été préalablement identifiée (voir Première étape).

3. Troisième étape : le suivi du frelon avec son émetteur

• Dès son envol, le frelon est suivi à l’aide des récepteurs mais également à l’aide de l’application « Vespa finder » qui permet à tous les observateurs présents sur un certain périmètre de détecter le signal émis par l’émetteur accroché au frelon.

Lors de la démonstration, le signal perçu par les smartphones a permis d’obtenir une précision sur la direction de vol du frelon mais l’intensité du signal s’est réduit peu après. Une partie du groupe a donc poursuivi la direction initiale du signal et a trouvé le nid en suivant les signaux émis par les récepteurs et les smartphones. L’autre partie du groupe est restée près de l’appât pour attendre le retour du frelon fidélisé et récupérer l’émetteur : soit en tuant le frelon, soit en l’isolant de la même façon que lors de la pose de l’émetteur (voir point 2 ci-dessus), afin cette fois-ci de décrocher l’émetteur.

d. Perspectives

Cette démonstration fut très instructive.

• Le matériel utilisé est facilement manipulable et semble bien adapté. Ainsi, l’émetteur s’est facilement accroché au frelon et ne s’est pas décroché malgré l’aller-retour.
• Le matériel représente, certes, un investissement mais présente l’avantage d’être réutilisable. Et pour preuve, la fidélisation du frelon a permis de récupérer rapidement et facilement l’émetteur.
• La détection d’un nid a duré 1 heure 30 min au total, soit un délai qui semble raisonnable.

Si cette démonstration et les explications étaient claires et constructives, l’efficacité de la méthode dépend également de l’expérience de ses utilisateurs. Comme le dit le dicton « C’est en forgeant qu’on devient forgeron » : une formation est donc disponible à Bruxelles pour les plus intéressés. Si vous souhaitez la suivre, contactez Louis Monéger du Groupe F : groupef@tybou.eu.

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e. Réponses et astuces de Bart :

« Pourquoi le kit contient 5 émetteurs ? »
Il vaut mieux avoir toujours 3 émetteurs à disposition, entièrement chargés. Cela facilite les manipulations sur le terrain. Chaque émetteur possède une batterie lui permettant de tenir 5 jours, mais ce n’est pas conseillé. Le mieux reste de récupérer l’émetteur utilisé dans la journée ou au maximum, le lendemain matin. Le but étant de les réutiliser et d’éviter de les perdre. De plus, avec de l’expérience et en s’organisant correctement, il est possible de repérer plusieurs nids en même temps en utilisant plusieurs émetteurs simultanément. 

« Que faire si le nid est plus lointain? »
Un triptyque est mis à disposition dans le kit. Ce dernier permet d’assembler les 3 récepteurs afin de percevoir le signal provenant de 3 directions différentes en même temps. Cela facilite la recherche lorsqu’on est seul. (voir Figure n°3 ci-dessous)

« Pourquoi utiliser un émetteur que l’on doit chercher avec des récepteurs plutôt qu’une puce GPS directement localisable? »
Une puce GPS est encore trop grande et lourde pour être fixée à un frelon. Peut être qu’avec des recherches supplémentaires et vu l’avancée technologique, cette possibilité arrivera mais pas pour l’instant.

« Quel est le prix du kit ? »
Ce kit a une valeur (TVA comprise) de 2900 euros.