Les phénomènes de réinfestation sont très importants en fin d’année, surtout si les conditions météorologiques permettent le vol des abeilles tardivement en saison. C’est le cas en cette année 2022. Les varroas se dispersent très facilement d’une colonie à l’autre. Par conséquent, dès qu’une colonie est fortement affectée par varroa, les autres colonies du rucher seront très vite réinfestées aussi, de même que les colonies de ruchers situés dans une même zone de butinage. D’un point de vue éthique, il est capital d’assurer un bon suivi des infestations dans son rucher et de songer systématiquement à l’impact qu’un laxisme peut avoir sur les ruchers voisins. Cela relève du simple civisme.
La réinfestation de fin de saison dépend donc du sérieux de l’approche sanitaire dans chaque rucher. C’est d’ailleurs ce qui est repris dans les conseils de l’AFSCA: « Afin d’éviter que les colonies qui ne sont pas (encore) traitées réinfectent les colonies déjà traitées, il est très important que les traitements contre la varroase soient mis en œuvre à la même période par tous les apiculteurs. » Bien entendu, dans la pratique, on ne peut compter que sur la conscience des apiculteurs.
L’emplacement des ruchers est également important pour limiter les risques de réinfestation. Des ruchers isolés des autres par des obstacles naturels (forêt, etc.) seront moins vite réinfestés. Les situations les plus à risque se retrouvent dans les ruchers de transhumance, surtout si plusieurs apiculteurs partagent les mêmes ressources mellifères.
Qui dit couvain tardif dit nécessité de veiller à ce que les abeilles disposent d’une alimentation de bonne qualité, en particulier en ce qui concerne le pollen. Une pratique fréquemment suivie est de récolter du pollen au printemps, de le congeler et de le rendre aux abeilles en fin de saison pour éviter des carences liées au simple apport de sirop de sucre. Le système immunitaire des colonies doit rester optimum pour aider les abeilles face à de trop grandes quantités de varroas. Mais cela n’est naturellement pas suffisant.
En cas d’effondrement des colonies, un grand nombre d’acariens se dispersent également dans les ruchers des alentours. La base d’une lutte réussie contre l’acarien est donc une approche uniforme dans une même zone de butinage (rayon de 5-6 km), c’est-à-dire que dans cette zone les traitements contre la varroase devraient se faire simultanément dans tous les ruchers avec des produits d’efficacité similaire. Sans quoi, les colonies non (encore) traitées et chargées en acariens réinfesteront les colonies déjà traitées.