FRANCE – L’ANSES a publié récemment un rapport d’expertise qui appuie la thèse des causes multifactorielles des problèmes de santé que connaissent les abeilles. La complexité de l’impact de certains pesticides est pointée. Des interactions existent entre les agents pathogènes et les facteurs de stress. Rien de neuf : varroa véhicule les maladies mais amplifie également les virus ; les fongicides inhibent les capacités de l’organisme à se détoxifier et accroissent le potentiel nocif des insecticides… Soumises à un cocktail délétère, les abeilles perdent le potentiel de leur système immunitaire, perdent leur odorat, déterminant pour nettoyer la colonie, et c’est le cercle vicieux qui s’enclenche. Les différentes expositions aux substances toxiques doivent être à la fois considérées du point de vue de l’individu abeille et de la colonie. Les effets des produits doivent aussi être envisagés comme des assauts successifs qui s’accumulent dans les organismes et dans les matériaux, la cire par exemple. Le rapport pointe aussi d’autres facteurs qui s’ajoutent aux difficultés rencontrées par les abeilles :
- les facteurs environnementaux (changement climatique, perte de la biodiversité qui influence la nourriture des abeilles),
- certaines pratiques (ou non-pratiques) apicoles qui peuvent augmenter le stress des abeilles.
Que propose le rapport ?
Il propose de travailler sur les leviers suivants :
- maintenir la biodiversité ;
- connaître et respecter les bonnes pratiques apicoles ;
- diminuer l’exposition aux produits phytosanitaires par de meilleures pratiques agricoles (gestion des intrants) ;
- tester les molécules chimiques autorisées en agriculture en prenant en compte leur action additive, synergique et antagoniste, autrement dit : durcir l’homologation des produits au niveau européen et tester les produits seuls et en association avec d’autres ;
- mettre en place et utiliser des méthodes permettant de quantifier l’effet des agents infectieux dans une ruche ;
- créer un réseau de ruchers de référence représentatif sur tout le territoire français.
Le nom des membres du comité d’experts consultés ainsi que celui des membres du groupe de travail « Co-exposition des abeilles aux facteurs de stress » est publié à la fin du rapport. N’hésitez pas à le consulter!