En ce début janvier, l’Agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA) a récemment publié une première analyse des risques concernant l’imidaclopride, insecticide néonicotinoïde bien connu. Cette étude a été réalisée en collaboration avec le California’s Department of Pesticide Regulation. L’évaluation préliminaire des risques a identifié un niveau de résidus pour l’imidaclopride de 25 ppb, seuil à partir duquel des effets peuvent être constatés sur les abeilles. Les effets incluent la mortalité des pollinisateurs ainsi que la diminution de la production de miel. Au-dessus de ce seuil, on détecte des résidus de pesticide dans le nectar des agrumes et du coton. Ce sont les seuls risques identifiés par l’EPA pour l’instant. L’étude ne considère pas que le traitement des espèces végétales qui, selon l’EPA, n’attirent pas les pollinisateurs puisse présenter un danger pour les colonies (le maïs et les légumes à feuilles par exemple). D’autres analyses sont en cours sur d’autres cultures et sur d’autres espèces (les animaux aquatiques par exemple). Tous les effets écologiques devraient être pris en compte. Les analyses de risques de trois autres néonicotinoïdes sont également prévues. Elles concerneront la clothianidin, le thiamethoxam et le dinotefuran. L’ensemble des résultats est attendu pour décembre 2016.
Pour Bayer CropScience, le document publié par l’EPA surestime le seuil nocif d’exposition pour les agrumes et le coton et ne tient pas compte des bonnes pratiques agricoles nécessaires à l’utilisation de l’imidaclopride pour protéger les abeilles.
Rappelons que l’EPA a été plus ou moins conduit à réaliser cette série d’analyses de risques suite à la plainte déposée par le Center for Biological Diversity (Centre pour la diversité biologique – CDB). Le centre a réagi à la publication des premiers résultats en déplorant le fait que les 4000 espèces d’abeilles ne soient pas prises en compte dans l’étude qui ne concerne que les abeilles mellifères. Autre critique émise, l’EPA ne tient compte que des effets sur les abeilles mellifères individuellement, sans tenir compte de l’effet sur la colonie. De plus, les contaminants retrouvés dans le pollen ne sont pas considérés. Ces bémols bien justifiés n’empêchent pas la presse américaine de saluer le pas en avant effectué.
Même si le chantier reste largement ouvert, l’Europe a une nette longueur d’avance sur les Etats Unis concernant les analyses de risques. Le gros travail des experts qui éclairent l’EFSA sur la question des pesticides a contribué à clarifier les dangers.
L’Europe bénéficie aussi de la surveillance du syndicat apicole européen Bee Life qui est un lanceur d’alerte efficace.