Une récente étude américaine confirme le lien entre comportement de butinage et présence d’une araignée crabe sur les fleurs, la Xysticus elegans (espèce nord américaine) en l’occurence.
De précédentes études ont déjà permis d’affirmer que les abeilles mellifères et d’autres pollinisateurs sont capables d’éviter les araignées crabes. Elles le font grâce à une détection visuelle du prédateur mais aussi via une reconnaissance olfactive. En effet, dans certains cas, la détection visuelle est insuffisante du fait de l’art de l’araignée de bien utiliser son environnement pour se dissimuler.
Les chercheurs américains ont remarqué que les hyménoptères (abeilles mellifères, guêpes etc.) ont passé moins de temps à se nourrir sur un groupe de fleurs occupé par une araignée. Ils ont évalué à 20% le temps de butinage non effectué dans le périmètre occupé par le prédateur confirmant que la présence de l’araignée modifie le comportement de butinage. Par contre, les diptères (mouches et syrphes) n’ont quant à eux manifesté aucune différence dans leur comportement. Des tests complémentaires ont permis d’évaluer le fait que l’odeur de l’araignée est détectée par les abeilles chez qui elle provoque un comportement de répulsion.
Une précédente méta-analyse avait déjà permis d’entrevoir les liens entre pollinisation et risques de prédation. Quelques données avaient déjà été avancées :
- les pollinisateurs les plus gros ont marqué moins fortement leur réaction à la présence d’araignées crabes (ils sont plus difficiles à capturer par le prédateur) ;
- les hyménoptères sociaux comme les abeilles mellifères ont marqué une habileté à déjouer les risques de prédation que les chercheurs ont attribué à la transmission de l’information de butinage à la colonie (les butineuses ne sont pas dirigées vers les fleurs dangereuses).
- Apis mellifera réagit aussi à la présence de cadavres de proies visibles sur les fleurs. Les seules traces de prédation laissées par une araignée suffisent donc à fournir aux abeilles une indication sur la dangerosité de la zone de butinage.
Si les interactions plantes-pollinisateurs ne sont pas à l’abri des effets de la prédation, la présence d’araignées-crabes aurait peu de conséquences sur les abeilles et les hyménoptères ainsi que sur le succès reproductif des plantes si les pollinisateurs sont abondants. Cela reste un sujet complexe du fait de la variété comportementale des pollinisateurs et de la richesse du contexte végétal. L’écologie de l’information est un vaste sujet et son potentiel de découvertes énormes. L’attractivité d’une masse florale mellifère rend-elle les abeilles moins méfiantes dans le sens où l’information liée au danger serait jugée moins pertinente que le gain apporté par le butinage des fleurs en zone « dangereuse » (évaluation coût/bénéfice)? Les araignées pourraient-elles avoir des préférences alimentaires qui conditionneraient leurs prises? Plusieurs questions pourraient encore se poser.
Références:
Dukas, R., & Morse, D. H. (2003). Crab spiders affect flower visitation by bees. Oikos, 101(1), 157-163.