Les débats se sont multipliés ces dernières semaines autour de la question du glyphosate, cette substance active utilisée pour la production de pesticides, autorisée dans l’Union européenne depuis 2002. C’est l’herbicide le plus vendu au monde qui est très largement utilisé en agriculture et en horticulture. Chacun connaît bien le fameux Roundup® qui en est devenu le produit emblématique. Aujourd’hui 24 juin, les représentants des pays membres étaient réunis en comité d’appel pour s’exprimer une dernière fois sur l’avenir de la molécule suspectée d’être cancérigène. La Commission européenne avait proposé un renouvellement de l’autorisation pour 12 à18 mois mais aucune majorité qualifiée n’a été obtenue pour la prolongation de la licence du glyphosate. C’est désormais à la Commission de trancher. Espérons qu’elle saura écouter les citoyens qui se sont largement mobilisés pour le retrait de cette substance. En période de Brexit qui peut se voir comme une sanction d’une partie de la population britannique contre des décisions de l’exécutif européen parfois vécues comme anti-démocratiques, ce serait délicat de passer en force. Des pays comme la France, l’Italie et les Pays-Bas ont voté contre l’homologation du produit. La Belgique a voté pour malgré la position très tranchée des régions. Bruxelles opte pour l’interdiction des pesticides pour tous tandis que le parlement wallon a adopté mercredi une résolution pour l’interdiction immédiate d’utilisation aux particuliers et aux pouvoirs publics. En Flandre, le produit est déjà interdit au niveau des collectivités territoriales (mais pas au niveau des particuliers).
Rappelons que, sans homologation avant le 30 juin, les états membres seront contraints de retirer les autorisations de mise sur le marché de tous les produits à base de glyphosate.
Rappels historiques
En mai 2012, l’Allemagne, état membre rapporteur, reçoit un dossier de renouvellement de l’approbation du glyphosate en Europe. La licence du produit expirait en juin 2012. En décembre 2013, l’Allemagne envoie son rapport à l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) pour que l’examen du dossier puisse se faire. Une consultation publique est ouverte en mars 2014. En mars 2015, l’Agence internationale pour la recherche contre le cancer publie un rapport sur le glyphosate. La Commission européenne demande à l’EFSA d’inclure cette agence dans le comité d’examen du dossier. En septembre 2015, l’EFSA organise une consultation des nouveaux experts, consultation spécifiquement consacrée à la question des risques de cancer liés à l’utilisation de la molécule. En octobre 2015, le glyphosate est provisoirement prolongé jusqu’en juin 2016 dans l’attente de la finalisation de l’examen du dossier. En novembre 2015, l’EFSA rend ses conclusions. Selon ce rapport, « il est improbable que le glyphosate danger cancérogène pour l’homme et propose une nouvelle mesure de sécurité qui permettra de renforcer le contrôle des résidus de glyphosate dans l’alimentation ». Les rapports scientifiques ne sont toutefois pas toujours d’accord avec cette conclusion.