Hier, 11 novembre, le centenaire de la signature de l’Armistice mettant fin à la Première Guerre Mondiale a été largement célébré. Dans les pays du Commonwealth, arborer un coquelicot à la boutonnière marque l’idée du souvenir des soldats tombés dans les tranchées. Sur les champs de bataille, terres mises à nue par les bombardements, ce sont les premières fleurs qui reviennent donner de la couleur au paysage. Les graines de coquelicot sont résilientes. Elles résistent au manque d’eau et à l’enfouissement. Elles portent l’espoir des survivants aux conflits.
Hier, 11 novembre, à l’occasion du Week-end du CARI destiné à ouvrir la voie d’un dialogue entre apiculteurs et agriculteurs, Jean-François Odoux (INRA APIS – Le Magneraud) est venu présenter le dispositif de bio-indication ECOBEE, un observatoire de 45.000 hectares dans les Deux-Sèvres, laboratoire à ciel ouvert permettant de tester l’impact des pratiques agricoles et de la structure du paysage sur le comportement des abeilles mellifères et sur leur régime alimentaire. Comme l’a très bien dit le chercheur, « l’abeille est un concentrateur de l’environnement au niveau de la ruche. » Plusieurs mesures sont donc effectuées de façon régulière sur les colonies dans le cadre d’ECOBEE depuis plusieurs années. Parmi toutes les informations transmises lors de son intervention hier, retenons celle-ci : les plantes adventices des cultures jouent un rôle capital pour l’alimentation des colonies en période de disette (mai-juin). Elles jouent un rôle dans l’équilibre alimentaire des abeilles en participant à la diversité de son alimentation, ce qui contribue à de meilleures défenses immunitaires. C’est particulièrement le cas du…coquelicot ! Cette fleur est largement visitée par les abeilles mellifères en période de disette dans les systèmes de grandes cultures. Les plantes adventices fournissent jusqu’à près de 50% du pollen aux abeilles domestiques dans les systèmes de grandes cultures à la fin du printemps. La biodiversité végétale en milieu agricole est capitale. Le coquelicot devient, encore une fois, tout un symbole. Il est aussi devenu le symbole de la lutte contre les pesticides de synthèse avec l’opération « Nous voulons tous des coquelicots » qui a été lancée en France le 10 septembre dernier par le journaliste Fabrice Nicolino.
Retenons de tout cela l’espoir porté par une fleur attachante qui ne laisse personne indifférent. L’homme, l’abeille et le coquelicot est une fable à écrire qui mettra en lumière l’importance d’un retour de la vie dans les champs pour le bénéfice de tous.
Références
Morere, J. (2018). Distribution spatio-temporelle et étude des paramètres de la présence du bleuet et du coquelicot en système céréalier (Mémoire, SupAgro Montpellier Université Paul Valery, FRA). 32p.
Odoux J.-F., Aupinel P., Gateff S., Requier F., Henry M., Bretagnolle V., 2014. ECOBEE: a tool for long-term bee colony monitoring at landscape scale in West European intensive agrosystems. Journal of Apicultural Research, 53, 57-66.
Odoux J.-F., Feuillet D., Aupinel P., Loublier Y., Tasei J.-N., Mateescu C., 2012. Territorial biodiversity 46 Innovations Agronomiques 53 (2016), 39-47 and consequences on physico-chemical characteristics of pollen collected by honey bee colonies. Apidologie, 43, 561-575.
Requier F., Odoux J.-F., Tamic T., Moreau N., Henry M., Decourtye A., Bretagnolle V., 2015. Honey bee diet in intensive farmland habitats reveals an unexpectedly high flower richness and a major role of weeds. Ecological Applications, 25, 881-890.
Requier F., Odoux J.-F., Henry M., Bretagnolle V., (2016) Carry-over effect of spring pollen shortage threatens survival of honeybee colonies in winter. Journal of Applied Ecology. In Press
Julien Morere, INRA, UE 1255 APIS Abeilles, Paysages, Interactions et Systèmes de culture. Centre de recherche Nouvelle-Aquitaine-Poitiers, Saint-Pierre-d’Amilly, France.