Miel Maya Honing et le CARI ont inventé cette année une Journée Nord-Sud intégralement à distance. Elle a eu lieu ce dimanche 29 novembre et a rencontré un franc succès. Le succès vient tout d’abord des nombreux participants, plus de 140, venus de Belgique, de France, d’Amérique latine et d’Afrique. Un webinaire organisé par Zoom est clairement une opportunité pour les apiculteurs du Sud de parler de leurs réalités apicoles, bien loin des nôtres à de nombreux égards. Pour ce faire, des capsules vidéos ont été réalisées par plusieurs apiculteurs et apicultrices et montées par Patrice Le Rouzic de Miel Maya Honing. Elles sont éloquentes et suffisent à illustrer le polymorphisme apicole. Merci à Adama, Raoul, Diderot, Juan, Trieu et Pierre qui se sont exprimés sous ce format créatif pour le bénéfice de tous:
- Adama Myouh du Cameroun;
- Raoul Mambi et Diderot Achigo de RDC;
- Juan Ramon Morales López de Bolivie;
- Trieu Thi Dung du Vietnam;
- Pierre Klee de Belgique.
Le succès, c’est aussi des possibilités de communication directe entre les participants à travers les messages nombreux qui se sont échangés pendant toute la journée. La thématique de cette Journée Nord-Sud 2020, l’apiculture durable, a été l’occasion de nourrir de riches débats et d’entrapercevoir la grande subtilité des réponses à apporter aux questions qui fusaient. Que l’on soit dans telle ou telle région du monde, il est clair que la notion de durabilité n’a pas le même sens. Reste maintenant à suivre le fil des débats et à en extraire « la substantifique moelle ». Nous avons envie de souligner le témoignage d’Adam Myouh qui a évoqué le rôle clef de son activité apicole pour sa famille en ce qu’elle lui permet de subvenir aux besoins de ses enfants et de les envoyer à l’école. Le témoignage de la deuxième apicultrice, Trieu Thi Dung a souligné l’impact positif de l’activité apicole sur la conservation de l’environnement aux abords du rucher. Toutes deux ont mentionné le bonheur d’élever des abeilles et c’est probablement sur ce point que tous les apiculteurs se rejoignent.
Le succès de la journée vient aussi de la pertinence du programme autour de la durabilité de l’apiculture et de la dynamique de sa mise en scène avec un tempo idéal, ponctué de mini-sondages, et d’unelarge place au débat greffé sur trois questions sélectionnées par les organisateurs:
- Les conditions environnementales actuelles permettent-elles de pratiquer une apiculture durable?
- Une apiculture durable est-elle compatible avec la viabilité économique?
- Quels éléments essentiels doit intégrer une apiculture durable face aux menaces actuelles, d’une ampleur imprévisible (changement climatique, mondialisation des marchés, syndrome de mortalité des abeilles etc.) ?
La table ronde, animée par le journaliste Christophe Schoune, a permis là encore des échanges internationaux très riches même si bien plus d’une journée aurait été nécessaire à traiter exhaustivement un dossier aussi capital que l’apiculture durable. Remercions pour leurs précieuses contributions (par ordre alphabétique):
- Olivier Badibanga (Directeur de la SARL Apis Congo, RDC)
- Etienne Bruneau (Administrateur délégué du CARI, Belgique),
- Axel Decourtye (Directeur de l’ITSAP, France)
- Eric Guérin (consultant apicole, Cambodge)
- Francesco Panella (apiculteur professionnel, ex-président de l’UNAAPI, Italie, Président de l’association européenne BeeLife).
- Gilles Ratia (ex-président d’Apimondia et gestionnaire du site Apiservices);
- Rémy Vandame (Ecosur, Mexique).
Les questions des participants ont alimenté le débat avec beaucoup de pertinence et des questions très variées ont été abordées: l’agroécologie, les intrants, la sélection massale des reines, des pratiques apicoles précises comme l’alimentation des abeilles, les bienfaits de l’agressivité des colonies, les abeilles bioindicatrices de la qualité de l’environnement, la densité des ruches pour maintenir un équilibre environnemental, le rôle socio-économique des apiculteurs, la fréquence des visites de colonies, le rôle des abeilles dans la protection de l’environnement et des forêts, la question des races locales et de l’adaptation génétique des abeilles, l’impact du changement climatique sur les pratiques apicoles, la mise en place de partenariats positifs avec les agriculteurs de demain, etc.
Un questionnaire mis à disposition des participants a permis une pré-évaluation des pratiques apicoles en rapport avec la notion de durabilité. Ce questionnaire sera perfectionné avant de bénéficier d’une diffusion plus large. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Merci à l’équipe des jeunes interprètes et à leurs enseignants qui ont permis aux participants non-francophones de suivre cette journée. Surveillez le site Asaali.net, la plate-forme belge qui présente des projets de développement apicoles dans les pays du Sud. Vous y trouverez bientôt des suites de cet événement. Gageons que d’autres échanges directs entre le Nord et le Sud verront le jour grâce aux outils qui suppriment les barrières géographiques et linguistiques.