L’interrogation sur les nanotechnologies appliquées en agriculture est cruciale à l’heure où un consensus se forme autour de la nocivité des insecticides néonicotinoïdes. Les insecticides à base de nanomatériaux sont des solutions émergentes déjà commercialisées dans certains endroits du monde (en Asie par exemple) par les firmes phytopharmaceutiques. Leurs arguments sont très simples :
– ils admettent que les insecticides traditionnels sont néfastes pour toutes sortes de raisons bien documentées ;
– ils réfutent l’idée que des solutions alternatives comme la gestion intégrée des ravageurs puissent être envisageables à grande échelle.
Les nanotechnologies sont présentées comme des solutions « vertes » pour l’agriculture : produits moins persistants dans l’environnement, plus efficaces, utilisés seulement si les besoins s’en font sentir, etc. Du point de vue de la communication, les firmes phytopharmaceutiques vont chercher à anticiper les problèmes qui seront immanquablement soulevés dans les pays occidentaux à propos de l’analyse des risques liés à l’utilisation de tels produits sur la santé humaine et sur l’environnement. Le principal problème pour elles sera posé par les opposants au développement de techniques dont on ne peut maîtriser les effets à plus ou moins long terme (sans compter la variabilité des effets toxiques selon l’échelle nanométrique). Les entreprises recherchent des arguments en amont pour que l’autorisation de mise sur le marché des nanocides ne rencontre pas la barrière du principe de précaution qui a été élevée devant les cultures génétiquement modifiées. Les dossiers et les armes sont en train de s’affuter dans l’ombre pour que la société civile ne montre aucune hostilité à ce développement technologique. Ouvrons l’œil !
Si le dossier vous intéresse, le CARI a déjà publié deux textes au sujet des nanocides :
Nanocides, le grand silence
Nanotoxico
Les publications scientifiques se multiplient au sujet des nanotechnologies utilisées dans le domaine du contrôle des ravageurs des cultures. Voici quelques références parmi d’autres :