Bayer CropScience planifie la mise sur le marché européen en 2017 d’un nouvel insecticide, le SivantoTM prime. Il est déjà utilisé aux USA, au Mexique, au Nicaragua, au Guatemala, au Honduras et en République dominicaine. La firme allemande présente la molécule composant cet insecticide, le flupyradifurone, comme une alternative plus sure pour les abeilles que les néonicotinoïdes.
La Commission européenne a récemment rendu un avis favorable à la mise sur le marché européen de ce nouvel insecticide sans que des analyses des risques complètes soient effectuées selon PAN Europe.
Il semble que le flupyradifurone, chimiquement classé parmi les buténolides, présente des effets indésirables s’il est associé à des néonicotinoïdes ou à d’autres pesticides. Par ailleurs, la structure chimique du flupyradifurone et des néonicotinoïdes est très proche et certains scientifiques pensent qu’ils ont le même mode d’action. Il s’agit dans les deux cas d’insecticides systémiques. Selon une étude des risques publiée par l’EPA (l’agence américaine de protection de l’environnement), la molécule n’est pas toxique pour les jeunes abeilles Apis mellifera par voie de contact mais elle l’est lorsqu’il s’agit d’une exposition par voie orale.
Selon cette étude, le flupyradifurone n’est pas aussi toxique que l’imidaclopride ou que la clothianidine mais il l’est plus que l’acétamipride. Si l’étude américaine ne révèle pas d’impact sur la santé des abeilles, il faut garder à l’esprit que cela ne concerne que la toxicité associée à la formulation commerciale de la molécule et que cela ne tient pas compte des effets synergiques avec d’autres pesticides. Des modifications chimiques peuvent amplifier la toxicité des molécules associées sur les butineurs. Chacun le sait. L’EPA a d’ailleurs reconnu la difficulté de tester toutes les combinaisons possibles d’une nouvelle substance active avec la multitude d’autres produits chimiques utilisés dans la production agricole moderne. Même si Bayer CropScience prend toutes les précautions d’usage en matière de bonne pratique agricole comme la notification de l’interdiction de mélanger le produit avec des fongicides par exemple, les pollinisateurs peuvent être exposés à de nombreux pesticides du simple fait de la multiplicité des plantes butinées.
Des études plus poussées concernant les effets synergiques de cette molécule auraient été souhaitables avant toute autorisation de mise sur le marché européen. Rappelons que le rapport de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) avait conclu à un manque de données probantes en matière d’analyse des risques toxicologiques en février 2015.