SCIENCE – Longtemps sous-estimées, les fleurs peuvent constituer un facteur de dispersion croisée des parasites chez les pollinisateurs. C’est ce que révèle une récente étude publiée par des chercheurs britanniques et financée par le Natural Environment Research Council in the United Kingdom et le Bumblebee Conservation Trust. A partir des fleurs, les parasites de plusieurs pollinisateurs circulent d’un hôte à l’autre sans que les espèces constituent une barrière.
Les chercheurs ont trouvé principalement quatre parasites bénéficiant de cette stratégie de dispersion :
– Nosema apis et Nosema ceranae, responsables de la nosémose chez l’abeille mellifère.
– Crithidia bombi, parasite intestinal du bourdon terrestre qui provoque des perturbations graves dans les comportements de butinage et entraine la mort des ouvrières. Crithidia bombi semble se répandre plus facilement grâce à l’expansion de la commercialisation des bourdons terrestres à des fins de pollinisation en serre. Le parasite aurait tendance à se propager à d’autres espèces sauvages jusqu’ici pas ou peu infestées. A noter que les parasites du genre Crithidia sont des parasites très répandus chez les arthropodes en général.
– Apicystis bombi, parasite qui infecte toutes les abeilles, y compris les abeilles mellifères, et tout spécialement les bourdons. Le parasite a été importé en Europe, probablement via le commerce des colonies de bourdons terrestres pour la pollinisation des cultures. Les colonies de bourdons terrestres sont devenues tolérantes à cet agent pathogène mais ce n’est pas le cas des autres espèces. Le parasite provoque des changements de comportement, freine la création de colonies et provoque la mort des ouvrières.
Pour Peter Graystock, l’un des auteurs de l’étude, un cocktail de parasites nuisibles à la fois aux abeilles sauvages et mellifères a été trouvé sur les bourdons terrestres d’importation. Ces mêmes bourdons pollinisent les fleurs visitées par les abeilles sauvages et mellifères si ils en ont l’occasion. Pour lui, planter plus de fleurs permettrait aux butineurs d’avoir plus d’options et donc de limiter le phénomène de propagation des parasites.