Comme le conseille le Dr en médecine vétérinaire Gérald Therville, il y a une série de questions qu’il faut se poser au moment de traiter ses ruches contre varroa:
1- Le produit peut-il se retrouver dans la ruche et ses produits (résidus dans le miel, la cire…)?
2- Le produit est-il en accord avec la législation?
3- Le produit est-il dangereux pour l’apiculteur?
4- Le produit est-il dangereux pour les abeilles?
5- Le produit est-il efficace?
Posons-nous ces 5 questions au moment d’utiliser le nouveau produit que la firme Bayer a homologué en Belgique et en France, le PolyVar® Yellow.
A ce stade, nous avons encore des questions et des doutes.
Rien de nouveau pour la substance active, la fluméthrine, un pyréthrinoïde bien connu, qu’il est conseillé d’utiliser en alternance avec une autre substance active pour la question de la résistance. C’est d’ailleurs précisé sur la notice du produit.
La présentation du produit, des rubans en plastique jaune percés de 15 trous pour être fixés à l’entrée des ruches, minimise les risques pour l’utilisateur et assure une relative simplicité d’utilisation.
Le produit sera disponible à partir de la mi-juillet sans prescription chez le vétérinaire ou en pharmacie puisqu’il est homologué (code CNK 3582-277). Il sera donc facilement accessible. L’expérience permettra de juger de l’efficacité du produit.
Restent les questions des résidus et de la dangerosité du dispositif pour les abeilles. Ces questions induisent rarement des réponses faciles.
Rappelons l’historique du PolyVar® Yellow. En 2010, Bayer Crop Science a acquis la technologie Entostat® de la start-up britannique Exosect pour l’utiliser dans le cadre de la lutte contre varroa. Cette technologie est associée à la « Bee gate », une grille d’entrée de ruche pour laquelle la firme Bayer a déposé un brevet en 2000. Chaque fois qu’une abeille franchit la porte, elle se couvre d’une nano-poudre chargée de la substance active (la fluméthrine dans PolyVar® Yellow) et répand cette poudre dans la ruche par contact avec les autres abeilles. Le principe est le même que le collier anti-parasitaire que portent les chiens ou les chats selon les termes promotionnels de la firme allemande. C’est un traitement qui est conçu pour protéger les abeilles contre la réinfestation. La commercialisation du prototype était prévue pour 2017. C’est chose faite dans le respect des délais.
N’y a-t-il aucun risque de transfert du produit dans le miel ? La substance active bien connue a passé positivement tous les tests autorisant la mise sur le marché. Les tests requis incluent-ils des méthodes d’analyse adaptées à la nature du produit? Il s’agit d’un produit de traitement qui utilise un vecteur de dispersion novateur, une micro-poudre électro-chargée de manière statique, formulée pour microencapsuler les ingrédients actifs synthétiques. Ce produit est conçu, selon la firme Exosect, pour « permettre aux fabricants de pesticides d’améliorer la livraison de leurs formulations de manière à surmonter la résistance aux ravageurs, le contrôle réglementaire et les résidus dans la chaîne alimentaire ». Le doute porte finalement moins sur la substance active que sur son mode de dispersion dans la ruche qui n’est pas mentionné dans le rapport d’évaluation. Est-ce en raison de son caractère nouveau (on n’a pas pensé à ou pas eu le temps de le prendre en compte dans la méthodologie)? Est-ce en raison de la difficulté qu’il peut y avoir à le détecter? Est-ce en raison d’un retard (et donc d’une absence) d’encadrement réglementaire adéquat? Ces questions peuvent légitimement être posées.
Attirons l’attention, pour finir, sur la liste des excipients du PolyVar® Yellow.
Sans entrer dans le détail, remarquons le dioxyde de titane (E171), l’un des cinq nanomatériaux de synthèse les plus couramment utilisés qui se retrouve dans notre alimentation. Sa dangerosité a été pointée par l’INRA en janvier dernier et est actuellement ré-évaluée par l’EFSA. Remarquons aussi l’acide stéarique, récemment mis en cause par le SPF Santé publique en Belgique dans le dossier des cires gaufrées impliquant la mortalité du couvain.
Oui, un nouveau produit de traitement, un produit novateur, arrive sur le marché et beaucoup de questions restent ouvertes.