Destruction des CIPAN avant floraison: une solution possible?

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Lors du Week-end du CARI « apiculteurs-agriculteurs », nul doute que les participants ont trouvé matière à réflexion dans les échanges qui ont eu lieu entre l’assemblée et les conférenciers.  Pour revenir aux CIPAN évoqués dans le post précédent, les discussions ont ainsi permis de comprendre que les intérêts des apiculteurs et des agriculteurs n’étaient sans doute pas aussi éloignés que ça et qu’il y a peut-être une voie d’entente possible.

Anne Bédoret, agricultrice en grandes cultures et membre de la FWA (Fédération wallonne de l’agriculture), a présenté  son point de vue sur les CIPAN qui sont perçus positivement par les agriculteurs. La notion de « cultures de fin de saison dangereuses pour les abeilles » est une problématique émergente dont le monde agricole est bien souvent ignorant. Marie Benoit de Protect’eau, autre intervenante invitée, a rappelé dans son exposé le rôle des CIPAN en tant que pièges à nitrate. Ces cultures réduisent le lessivage des nitrates vers les nappes souterraines mais ont d’autres avantages pour les agriculteurs comme produire du fourrage pour les animaux, lutter contre les adventices en agissant comme un couvre-sol, abriter la petite faune, favoriser la structure et les micro-organismes du sol et lutter contre l’érosion. Les CIPAN sont soumis à un cadre réglementaire disponible sur le site de Protect’eau.  Ce cadre fixe par exemple la date de semis, avant le 15 septembre en ce qui concerne la Wallonie. Cette date est imposée non par l’Union européenne mais par la Région Wallonne comme l’a rappelé Bernard Decock, coordinateur de la « cellule environnement » de la FWA. Cela relève en effet non pas d’un règlement européen mais d’une directive qui laisse liberté aux états membres de décider en fonction de la situation particulière du pays ou de la région. Ainsi, dans certains pays, ce n’est pas une date qui est imposée mais une période pendant laquelle les agriculteurs peuvent procéder aux semis. Cette option semble plus réaliste pour les agriculteurs qui peuvent alors choisir la date en fonction de la météo qui est déterminante pour le semis.

Pour Anne Bédoret, « d’un point de vue agronomique, le moment idéal pour détruire un CIPAN, c’est juste avant la floraison. » A ce moment-là, « la matière organique va se décomposer assez vite dans le sol et être disponible au printemps pour la culture suivante. Le paillage en surface de la CIPAN détruite va protéger le sol tout l’hiver et va être intéressant pour lutter contre l’érosion et la repousse des adventices ». Selon l’agricultrice, rouler les CIPAN avant floraison serait « un deal gagnant-gagnant agriculteurs-apiculteurs ».

Source: https://www.arvalis-infos.fr/cultures-intermediaires-reussir-la-destruction-@/view-14000-arvarticle.html

Les CIPAN jouent un rôle dans la fixation de l’azote dans le sol en faveur des cultures qui les suivent. Les légumineuses ou les mélanges crucifères et légumineuses agissent rapidement et sont particulièrement intéressants dans le cadre d’une destruction précoce du couvert de ce point de vue. Gardons à l’esprit que la gestion des CIPAN est assez technique, complexe et fait intervenir de nombreux paramètres agronomiques.

Source: https://agriculture-de-conservation.com/sites/agriculture-de-conservation.com/IMG/pdf/cipan-bourgogne.pdf

En tout état de cause, il faut bien s’assurer que les CIPAN ont eu le temps de jouer leur rôle de pièges à nitrates a rappelé Marie Benoît de Protect’eau. Par ailleurs, il semble que le roulage préconisé par Anne Bédoret se pratique sur sol gelé pour éviter le  tassement du sol sous les roues, contrainte importante pour les agriculteurs qui doivent absolument éviter les traces de passages dans l’optique de la culture suivante. Difficile à prévoir pour des destructions précoces de CIPAN avant floraison: le gel survient de plus en plus tardivement dans certaines régions. D’autres solutions mécaniques peuvent sans doute alors être envisagées.

Source: Protect’eau – https://protecteau.be/resources/shared/cipan/PE_7.2_CIPAN(1807)HD.pdf

La discussion est à poursuivre à ce sujet entre agronomes, agriculteurs et apiculteurs. Des solutions pour le bien de tous sont sans doute envisageables.