Bilan de la Journée de Namur 2019

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Dimanche 27 janvier, les apiculteurs wallons et bruxellois ont pu découvrir les travaux réalisés grâce au Programme Miel Européen durant l’année 2018. Ce bilan a également permis d’exposer les modifications qui seront appliquées aux aides européennes suite à la réduction budgétaire drastique, conséquence du résultat du dénombrement des ruches: le budget passe en effet de 120.000 € à 65.000 €. Pour rappel, les fonds européens sont attribués aux états membres en fonction du nombre de ruches déclarées par les apiculteurs selon les modalités établies, en l’occurence, par la Région Wallonne. 26.000 ruches ont été déclarées en 2018. Certaines personnes présentes remettent en question le fait de faire bénéficier de l’aide européenne les apiculteurs qui ne jouent pas le jeu du dénombrement des ruches. Le dénombrement 2018 a connu une baisse de 1.500 apiculteurs! Le financement de plusieurs lignes va être supprimé comme le service édition (ActuApi et Abeilles&Cie) et les analyses de miel. Seule l’accréditation du laboratoire est conservée ainsi que la prise d’informations et quelques petites projets (suivi du marché, etc.). Cela demandera au CARI une adaptation qui passera par une augmentation du coût des analyses. Des informations détaillées à ce sujet ne manqueront pas d’être présentées plus en détail.

Bilan 2018

Etienne BRUNEAU a introduit la journée par le bilan de l’année 2018: travaux et réalisations dans le cadre du Programme Miel européen. Il a également fait le point sur les choix réalisés suite aux prises de positions du Comité Stratégique pour les aides européennes (comité constitué des principaux représentants officiels du secteur: fédérations wallonnes, SRABE, URRW, CARI et Arista Bee Research Belgium.

Etienne a présenté ensuite une proposition pour l’achat groupé du Programme Miel européen de cette année: il s’agit d’une cage Dadant de type Menna, du nom de l’apiculteur professionnel italien qui l’a brevetée. Son fonctionnement sera expliqué dans le prochain ActuApi.

Cage Dadant Menna

Eliane KEPPENS a ensuite fait un compte rendu des activités 2018 de la FAB: résultats du questionnaire COLOSS, résumé des réunions à l’AFSCA avec le suivi des grands dossiers du moment: contamination des cires, accès aux traitements anti-varroa, vétérinaires apicoles, TVA à 6% pour le commerce des reines/essaims, l’avancée du frelon asiatique et la réédition du Guide des bonnes pratiques apicoles. Eliane a également rappelé la victoire symbolique que représente le vote de la Commission « Pesticides » au Parlement européen le 16 janvier dernier où les amendements pro-pesticides ont été rejetés largement. Commission européenne, Parlement européen sont donc convaincus. Reste la barrière du Conseil européen – Consilium, c’est-à-dire les chefs d’états et les conseils des ministres des états membres. Nos élus nationaux!

Les projets en Région Wallonne

Cette année, les représentants des différents projets actifs pour le bénéfice des apiculteurs wallons ont été invités à en faire une présentation rapide. Seul manquait le projet Bee Tox Check (sans suite) et le projet Arista Bee Research Belgium (pas de déplacement pour un exercice si court).

Agnès FAYET a présenté la structure générale du projet Bee Wallonie et le volet 1.

Louis HAUTIER a présenté à la fois le volet 2 du projet Bee Wallonie et PolBees dans un ensemble intitulé « La recherche apicole au CRA-W ».

Frédérick BIERLIER a présenté la Maison de l’abeille noire à Virelles qui a obtenu un subside de la Région Wallonne pour la visibilité de l’abeille noire et l’amélioration du travail de l’asbl Mellifica.

Etienne BRUNEAU a présenté quant à lui le projet BeeSyn qui réunit plusieurs partenaires: le CARI, l’Universiteit Gent et le CRA-W.

L’élection du Comité Miel

En fin de matinée, l’assemblée présente a procédé comme chaque année à l’élection de la moitié du Comité Miel européen qui pilote le projet. Julien JEUNIAUX et Antoinette DUSTIN ne se représentaient pas (merci à eux pour leur participation). Saluons l’arrivée de Sophie DUFRESNE.

Le Comité Miel européen 2019

Retrouvez les PV des réunions ici.

La fin de la matinée se clôture avec la proclamation des résultats du Concours Miel 2018. Une très belle année!

Conférences du Dr Nanetti

L’après-midi, les apiculteurs présents ont eu la chance d’écouter deux conférences Dr Antonio Nanetti du  CREA-Api de Bologne , Centre de recherche pour l’agriculture et l’environnement italien.

La première conférence était une présentation de la politique de gestion de la varroase du gouvernement italien. Après un rappel du cycle de reproduction du varroa avec doublement de la population chaque mois et progression exponentielle de leur nombre, le conférencier a procédé à une remise en question des méthodes prédictives utilisées pour estimer le taux d’infestation des colonies. Selon des études réalisées en Italie sur le terrain et en laboratoire, il n’y a pas de corrélation entre le taux d’infestation et les chutes de varroas. Certaines colonies peuvent être très infestées et n’avoir que peu de varroas qui tombent. Selon le Dr Nanetti, il n’existe pas aujourd’hui une méthode fiable pour compter les varroas. Il préconise donc de ne pas travailler sur base de prévision mais sur un calendrier systématique de traitement en été et en hiver en l’absence de couvain. L’acide oxalique est une bonne option en l’absence de couvain si le produit est appliqué efficacement: en dégouttement non pas dans les ruelles (le produit va tomber sur le lange) mais selon un mouvement sinueux (cf. photo). Les abeilles vont alors lécher le produit avec un effet retard. Sur 20 ans d’essais, le CREA n’a détecté aucun problème de mortalité des reines, ni par sublimation, ni par dégouttement. Antonio Nanetti parle de « surévaluation des risques » concernant les effets sublétaux de l’acide oxalique sur les abeilles. Le traitement par sublimation est aussi efficace que le traitement par dégouttement s’il est réalisé correctement. Mais l’acide oxalique est très instable lorsqu’il est chauffé. Il y a donc le problème de la dégradation thermique possible mais aussi le risque de la méthode par sublimation pour les voies respiratoires de l’apiculteur.

La méthode d’encagement des reines est très utilisée en Italie durant la saison. L’important est de laisser la reine dans la cage pendant 25 jours (pour laisser éclore le couvain de mâle) avant de la libérer puis de procéder au traitement à l’acide oxalique. Selon les résultats présentés, la méthode encagement de reine suivi du traitement à l’acide oxalique aurait entre 97 et 99% d’efficacité. L’encagement provoque un effet plus large sur les colonies, similaire à celui d’un essaimage ou d’une sortie d’hivernage.

La seconde conférence était consacrée aux effets du changement climatique sur l’apiculture. Cette thématique émergente est encore peu abordée. Le Dr Nanetti relève deux impacts principaux de la variabilité du climat avec une tendance au réchauffement global de la planète: un impact sur la flore et un impact sur les pathogènes (varroas…). Les plantes réagissent au climat tandis que les abeilles réagissent à la photopériode. Cela provoque de plus en plus un décalage entre la floraison des plantes et le développement biologique des colonies. Par ailleurs, les hivers doux favorisent la présence de couvain en hiver et par conséquent la reproduction du varroa en période hivernale. Les varroas à l’intérieur du couvain ne sont alors pas traités et l’on peut assister à de hauts niveaux d’infestation au printemps, au démarrage des colonies. Des expériences sont réalisées pour envisager un encagement des reines en hiver ou l’application de traitements à d’autres périodes que les périodes « classiques ».

L’album photo de la Journée de Namur 2019.