Vigilance loque américaine!

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Alors qu’un nouveau cas de loque américaine est déclaré sur la zone de Tintange-Fauvillers dans le sud de la Wallonie, il est sans doute intéressant de refaire un peu le point sur cette maladie hautement contagieuse. Rappelons que c’est une maladie dite « à déclaration obligatoire » (en Belgique visée par l’AR du 25/04/1988 désignant les maladies des animaux soumises à l’application du chapitre III de la loi du 24/03/1987 relative à la santé des animaux). Il faut immédiatement en faire la déclaration à l’Unité́ Provinciale de Contrôle (UPC) dont dépend le rucher. Une zone de protection d’au moins 3 km est établie par l’AFSCA. « Dans cette zone de protection, il est interdit de vendre, commercialiser, transporter, louer, prêter, emprunter, se débarrasser des colonies, des reines, des rayons, des ruches ou des ustensiles annexés provenant du foyer ou de la zone. Les apiculteurs sont également tenus d’appliquer les mesures de lutte prescrites par l’Agence » (Guide des Bonnes pratiques apicoles disponible sur le site du CARI).

Qu’est-ce que la loque américaine?

C’est une maladie du couvain causée par Paenibacillus larvae, une bactérie qui contamine le couvain avant son operculation. La bactérie contamine également le matériel de visite (lève-cadres, gants…), la ruche, les ouvrières, etc. Autant de facteurs de dispersion de la bactérie. Une colonie atteinte dans un rucher peut contaminer toutes les autres et on considère que la contamination peut potentiellement affecter les colonies situées dans un certain périmètre autour du rucher infecté. Naturellement, les échanges d’abeilles, même d’abeilles en apparence saines, en provenance de zones infectées est un gros risque. Cette maladie extrêmement contagieuse et agressive ne s’élimine pas. Elle est présente à l’état latent dans les ruchers. Les apiculteurs peuvent en éviter le développement par un certain nombre de règles de bonnes pratiques et d’hygiène. Hélas, cela n’arrive pas qu’aux autres!

Destruction de ruches atteintes de la loque américaine – Jrmgkia – CC BY-SA 3.0

Précautions à prendre

Soyez particulièrement vigilants pendant vos visites. Vérifiez l’état sanitaire de vos colonies.

Attention aussi aux échanges entre apiculteurs. Gare au matériel apicole usagé, au transfert de matériel d’occasion, au nourrissement avec du miel inconnu, à l’introduction de cadres de réserve dont vous ne maîtrisez pas l’origine, etc. Le matériel peut conserver son pouvoir de contamination pendant plusieurs dizaines d’années.

Veillez à ce que vos colonies rentrent un pollen sain et varié. Une carence en pollen favorise le développement de la maladie.

N’oubliez pas de désinfecter soigneusement votre matériel de visite, de bien vous laver les mains, et de laver régulièrement votre vareuse.

Conseils d’hygiène du Guide des bonnes pratiques apicoles

Comment une colonie développe-t-elle la loque américaine?

Les spores de Paenibacillus larvae sont transmises au couvain par les ouvrières dont les parties buccales ont été contaminées. La bactérie se développe dans le tissu des larves. Une fois operculé, le couvain meurt et devient gluant et noirâtre. On peut compter jusqu’à 2,5 milliards de spores par alvéole contaminée ce qui donne une idée du potentiel de contagion. Lorsque les ouvrières détectent le problème, les nettoyeuses contaminent leurs parties buccales en désoperculant les cellules infectées. Elles infectent le reste du couvain et la colonie peu à peu s’affaiblit. Elle est alors susceptible d’être pillée par les colonies voisines. Le phénomène de dérive des butineuses peut également être un facteur aggravant. Le cercle infernal est vite enclenché.

Comment détecter la loque américaine ?

Il existe plusieurs symptômes physiques de la loque américaine au niveau du couvain mais ces symptômes ne sont pas toujours tous présents. On ne les perçoit également pas toujours à tous les stades de la maladie. D’autre part, certains symptômes ne sont pas propres à la loque américaine. Signalons les symptômes suivants mais ce qui doit avant tout alerter l’apiculteur c’est une baisse anormale d’activités au trou de vol:

  • Un couvain mosaïque dû à l’élimination par les ouvrières nettoyeuses du couvain mort atteint (symptôme non propre à la loque américaine).
  • Une odeur forte et désagréable dans le cas d’une contamination avancée (symptôme non propre à la loque américaine).
  • Des anomalies au niveau des alvéoles (affaissées, plus sombres, rongées ou perçées…).
  • Des nymphes brunes et visqueuses (faire le fameux « test de l’allumette ») ce qui distingue la loque américaine de la loque européenne.
  • Des écailles plates noires et durcies, fixées fermement aux parois de l’alvéole.
Test de l’allumette – Tanarus – CC BY-SA 3.0

Il ne faut jamais perdre de vue l’importance de l’immunité sociale de la colonie pour éviter que les maladies telles que la loque américaine ne se déclarent. En toute logique, les facteurs entravant la préservation de l’immunité sociale de la colonie aggravent les risques de déclaration de la maladie. Plus une colonie est forte et dans un environnement sain plus elle est à même de lutter.

En savoir plus?

AFSCA – Carte de la zone de protection en Belgique

FNOSAD – Fiche pratique sur la loque américaine

ANSES – Fiche loque américaine