Samedi 27 août, c’est tout naturellement que nous avons suivi les présentations de différentes conférencières à propos de l’apiculture naturelle tiré de l’anglais « nature-based beekeeping ».
C’est Nicola Bradbear qui a introduit l’apiculture naturelle grâce à des exemples de l’apiculture pratiquée à travers le monde (1).
Selon la conférencière, l’apiculture naturelle est un concept très large pouvant être approché sous différents angles mais qui peut-être défini de la façon suivante : l’apiculture naturelle utilise les connaissances indigènes et traditionnelles et prête attention aux abeilles et à la nature, dans le but d’établir une apiculture économiquement accessible et profitable à tous. Nicola Bradbear explique alors en quoi l’apiculture naturelle peut faire face aux enjeux climatiques actuels mais pas uniquement. À l’avenir, l’apiculture naturelle devra ainsi inclure plusieurs dimensions :
- Sociale : notamment via le respect des connaissances apicoles traditionnelles et via l’engagement d’une communauté entière pour établir une apiculture naturelle.
- Climatique : par la restauration des habitats et de la biodiversité et par la limitation de l’utilisation des pesticides, soit des actions aujourd’hui nécessaires pour assurer une apiculture naturelle face aux changements climatiques.
- Economique : notamment par la création de revenus et l’autonomisation des populations locales à travers une activité apicole. De plus, l’apiculture naturelle se doit d’être « low cost » en utilisant des matériaux disponibles localement, pour être durable à long terme.
Tucka Saville a ensuite pris la parole se servant de son parcours personnel pour illustrer l’apiculture naturelle en Amérique du Nord (2). Elle rejoint Nicola Bradbear sur certains aspects de l’apiculture naturelle :
- Bon marché via notamment l’utilisation de matériaux recyclés.
- Naturelle et durable via l’élevage sans produit chimique et l’attention constante portée à l’environnement où elle installe ses colonies.
- Générant un profit puisqu’elle produit un petit millier de reines par an et d’autres produits de la ruche.
Tucka Saville insiste aussi sur le besoin de se diversifier : elle peut vivre de son activité apicole grâce la vente de reines, de cire et de miel mais aussi grâce à l’animation d’ateliers et de formations tant pour les débutants que pour les apiculteurs assermentés. Quant à la vision de l’Europe, Anne Damon a davantage abordé les pratiques que l’on peut intégrer en apiculture naturelle pour améliorer de manière générale la résistance des colonies (3) : le choix d’une génétique adaptée à son environnement, pas de nourrissage (sauf cas exceptionnels) ou encore pas de traitement intensif anti-varroa ont été citées.
Nicola Bradbear a finalement repris le micro pour mettre en lumière une des missions de l’association « Bees for developement » : promouvoir l’apiculture naturelle en Afrique compte tenu des réalités environnementales et économiques. L’association forme des apiculteurs en Ethiopie, au Ghana ou encore en Ouganda pour professionnaliser les populations locales et générer des revenus stables et durables (4). Selon Nicola, l’apiculture naturelle a toute sa place en Afrique car le continent abonde de ressources mellifères mais aussi matérielles grâce aux forêts qui produisent le bois nécessaire à la construction de ruches et d’autres outils. L’apiculture naturelle en Afrique représente donc une vraie opportunité économique, environnementale et sociale qu’il faut développer en tenant compte des futurs défis climatiques (ex. : urbanisation et pertes d’habitats) et économiques (ex. : accessibilité au marché du miel et coûts de transports à l’exportation).
Ce symposium était donc une occasion intéressante de questionner notre pratique apicole actuelle. Les différentes présentations ont suscité réflexion et amènent à réorienter notre apiculture vers la nature et la durabilité, afin de la rendre davantage consciente du rôle important qu’elle joue dans la sphère socio-éco-environnementale.