Sondage CARI – Causes du déclin des colonies dénombrées à l’hivernage 2023

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Le 8 mars 2024, le CARI a lancé une enquête auprès de ses membres ayant déclaré leurs colonies à l’hivernage au moins une fois au cours des 3 dernières années (2023-2021), dans le cadre du dénombrement annuel organisé par la Région Wallonne. Nous vous présentons ci-dessous la synthèse des résultats obtenus.

Pourquoi cette enquête ?

Comme indiqué dans le communiqué de la Région Wallonne du 20/01/2024, « dans le cadre du Plan Apicole Wallon (PAW), il est demandé à la Région Wallonne percevant des subsides co-financé UE/RW de fournir des données de dénombrement des colonies mise à l’hivernage ».

Les chiffres recueillis au cours de la campagne de dénombrement 2023, qui se clôturait au 14/01/2024, indiquaient une diminution radicale du nombre de ruches : Environ 9.000 ruches de moins qu’en 2021, soit une diminution de plus de 20% (+/- 35.000 ruches en 2023 et +/- 44.000 ruches en 2021).

Face à ce constat, dans un mail du 14/02/2024, la Région Wallonne a chargé les différents bénéficiaires de cette aide UE/RW de contacter leurs déclarants au dénombrement afin d’identifier les causes potentielles de ce déclin du cheptel wallon.

Ces données sont indispensables car elles nous permettent de faire remonter de manière quantifiable et factuelle auprès de la Commission Européenne des informations relatives aux difficultés rencontrées par les apiculteurs wallons et bruxellois et de justifier le besoin de soutien fort de l’Europe et la Région Wallonne auprès du secteur apicole wallon et bruxellois, malgré un cheptel décroissant.

Rappelons que les données de ce dénombrement justifie l’aide octroyée aux 4 acteurs bénéficiaires du Plan Apicole Wallon: ARISTA, CARI, Mellifica, UFAWB (voir article précédent sur ce Plan : https://butine.info/journee-namur-2023/)

Taux de participation et représentativité des données

Pour cette enquête, le CARI a sollicité ses membres wallons et bruxellois 2023 qui lui avaient communiqué, dans le cadre des campagnes annuelles de dénombrement organisées par la Région Wallonne, un nombre de colonies à l’hivernage au cours des 3 dernières années, c’est à dire pour l’hivernage 2023 et/ou 2022 et/ou 2021.

Nous avons ainsi demandé aux participants de renseigner :

  • la raison de l’absence de déclaration de colonies à l’hivernage selon les années manquantes
  • s’ils éprouvaient des difficultés supplémentaires à leur activité apicole
  • les raisons de ces difficultés
  • les perspectives pour leur activité apicole à court/moyen terme

Sur 550 apiculteurs sollicités, 273 ont répondu à notre questionnaire, soit un taux de réponse de 49, 64%, ce qui est excellent (la moyenne se situant entre 20 et 30%).

Un grand merci à vous tous !

Pourquoi n’avez vous pas renseigné vos colonies lors du dénombrement 2023 ou en 2022-2021 ?

Pour les apiculteurs ayant déclaré leurs colonies à l’hivernage auprès du CARI uniquement en 2023, nous avons souhaité savoir si l’absence de données antérieures était due au fait qu’ils aient pu débuter leur activité à partir de 2023. Sur les 72 réponses reçues, 25% (soit 18 réponses) affirmaient avoir débuté en apiculture au cours de l’année 2023.

Raisons de l’absence de déclaration auprès du CARI avant 2023

À la question de « pourquoi n’avons-nous pas reçu de données de déclaration en 2023 » des apiculteurs ayant déclaré auprès du CARI des colonies en 2022 et/ou 2021 (cf. figure 2):

  • 6,4% déclarent ne pas vouloir déclarer leurs colonies (peur d’un contrôle potentiel, notamment)
  • 5,6% déclarent avoir arrêté son activité apicole
  • la moitié a déclaré ses colonies auprès d’une autre structure
  • et plus d’un tiers (38,4%) avoue avoir oublié de le faire malgré nos rappels, ce qui semble montrer un manque de prise de conscience des enjeux de ces déclarations pour le secteur apicole wallon et bruxellois.
Raisons de l’absence de déclaration auprès du CARI à l’hivernage 2023

Avez-vous rencontré des difficultés particulières en 2023 ?

Parmi les apiculteurs ayant une activité apicole depuis au moins 2 années consécutives, 68% d’entre eux ont fait état de difficultés en 2023 pour maintenir leur activité apicole et/ou le nombre de colonies de leur cheptel.

Pourcentage d’apiculteurs ayant rencontré des difficultés supplémentaires en 2023

Causes principales de ces difficultés ?

Le frelon asiatique ressort clairement comme la raison principale aux problèmes rencontrés par les apiculteurs pour maintenir leur activité apicole et donc leur cheptel (61% des réponses), suivi des conditions climatiques (16% des réponses).

Raison principale des difficultés à maintenir une activité apicole

La deuxième raison évoquée est plus variable mais le frelon asiatique représente toujours une des 3 principales causes secondaires (18%) avec les conditions climatiques variables (24%) et un manque de temps (19%). En commentaire de ce manque de temps, les apiculteurs mentionnent notamment le temps pour mettre en place une protection des ruchers efficace face au frelon, raison reprise également pour justifier l’investissement financier nécessaire dans cette lutte face au frelon.

Deuxième raison principale des difficultés à maintenir une activité apicole

Comment envisager vous la suite de votre activité apicole ?

Face à ces difficultés croissantes (telles que l’intensification de la pression du frelon asiatique, les conditions climatiques variables, le coût du matériel de production et de protection des ruchers, le marché de vente du miel défavorable en crise au sein de l’UE en raison des importations de miel frauduleux, etc…) de nombreux apiculteurs émettent des réserves quant à leur capacité à pouvoir maintenir une activité apicole à court terme (d’ici fin 2024 – début 2025). Alors que 58% et 13% souhaitent respectivement maintenir ou augmenter leur cheptel en 2024 si les conditions climatiques et la pression du frelon le leur permette, 22% d’entre eux envisagent déjà pour 2024 une diminution de leur activité, voire un arrêt de leur activité apicole pour 7% d’entre eux.

Perspectives des apiculteurs répondant au sondage pour leur activité apicole en 2024-2025

Conclusions

Les résultats de ce sondage montrent clairement l’impact du frelon asiatique et la difficulté de sa gestion sur l’activité apicole des apiculteurs, facteurs aggravant considérablement les conditions de production déjà difficiles ces dernières années en raison des conditions climatiques pas toujours favorables et du marché du miel en crise (concurrence déloyale des miels d’importation à bas coût).

Notons que si cette dernière cause n’est encore que peu ressentie en Belgique, elle ne saurait tarder à apparaître, tous les pays européens montrant un effondrement catastrophique du marché et des difficultés pour les apiculteurs à vendre leur stock à des coûts acceptables en raison de produits commercialisés en gros sous le nom de miel et vendu à moins de 3€ le kilo (ex. France, Espagne, Italie, Roumanie, Slovaquie, Allemagne, etc…)

Remerciements

Nous tenons à remercier chaleureusement tous les apiculteurs et apicultrices ayant participé à cette enquête !