L’utilité des insectes pollinisateurs et particulièrement des abeilles mellifères n’est plus à démontrer dans le contexte de la pollinisation des cultures agricoles. Une récente étude montre que les mécanismes d’exposition aux pesticides apportent encore des surprises. Des chercheurs américains ont remarqué que les risques d’exposition aux pesticides ne viennent pas toujours des cultures dans lesquelles les ruches sont installées pour la pollinisation. 120 ruches expérimentales ont été placées dans 30 vergers de pommiers pendant la période de floraison. Les scientifiques ont attribué à plus de 60% le risque d’exposition à des pesticides qui n’ont pas été pulvérisés pendant la période de floraison des pommiers. Cela signifie que les abeilles utilisées pour les services de pollinisation ont été en contact avec des résidus chimiques prélevés dans le pollen de plantes « non cibles », autres plantes cultivées ou fleurs sauvages contaminées.
Dans les 30 vergers, les chercheurs ont trouvé 20 principaux types de pollen collectés par les abeilles pendant la floraison de la pomme.
Parmi les pollens récoltés, les pollens dominants, on distingue nettement Rhamnus spp. (nerpruns, bourdaine) collecté sur 27 des 30 sites. Le pollen de Malus (pommier), c’est-à-dire la récolte attendue, a été recueilli dans 29 des 30 sites et présent à 8,7% seulement dans la récolte analysée. Viennent ensuite:
- Cretaegus / Prunus (aubépine / prunus) – 4,3%, présent dans 27 des 30 sites;
- Rubus spp. (mûrier / framboisier) – 3,0%, présent sur 26 sites;
- Deux types de pollen inconnus avec plus de 5% de pollen: Unknown 2 – 8,1% sur 24 sites et Unknown 3 – 5,3% sur 27 sites.
D’autres pollens étaient présents en quantité plus négligeable sur les sites de récolte :
- Unknown 4 = 2,4% en moyenne (sur 20 sites) ;
- Aesculus hippocastanum (marronnier d’Inde) = 2,2% en moyenne (sur 18 sites) ;
- Chicorieae (sorte d’astéracée) = 0,7% en moyenne (sur 10 sites ) ;
- Lonicera spp. (chèvrefeuille) = 0,6% en moyenne (sur 18 sites) ;
- Fragaria spp. (fraisier) = 0,4% en moyenne (sur 13 sites) ;
- Prunus cerasus spp. (cerisier) = 0,4% en moyenne (sur 10 sites).
Le pourcentage de la superficie des zones naturelles et des zones agricoles (graphes a et b) n’a pas eu d’impact sur la récolte du pollen de Malus (pommier). Par contre, le pourcentage de pommiers dans le paysage (c) a eu un impact sur la récolte de pollen de Malus. Aucune corrélation ne semble exister entre le pourcentage de pollen de pommier et les insecticides totaux (f, points rouges).
Les résultats révèlent la présence de pesticides dans le pollen collecté par les abeilles dans des paysages agricoles et semi-naturels en dépit du fait que la majorité du pollen a été collecté sur des fleurs non cultivées. Les données ne permettent pas de déterminer le mécanisme ou les mécanismes exacts de l’exposition. Les vergers dans lesquels les ruches étaient déposées n’ont pas été pulvérisés durant la floraison des arbres. Alors, dérive de pulvérisations? Accumulation de résidus dans les plantes non cultivées en marge des vergers? Les questions restent ouvertes.