Le Vlaams Bijeninstituut a lancé un cri d’alarme dans un communiqué de presse en pointant jusqu’à 75% de pertes de colonies à la sortie de l’hiver dans certaines communes de Flandre comme Lier, Sint-Katelijne-Waver ou Nijlen dans la Province d’Anvers. Cette information alarmiste a été relayée par la VRT (télévision flamande) et par plusieurs médias y compris dans la partie francophone de Belgique (comme dans l’émission radio de La Première RTBF « Matin Première »).
Les données proviennent des résultats de l’enquête COLOSS réalisée depuis 9 ans déjà à l’échelle européenne à la sortie de l’hiver par la FAB-BBF (Fédération Apicole Belge) et le KONVIB (Koninklijke Vlaamse Imkersbond), avec l’appui scientifique du CARI, du CRA-W et de Honeybee Valley.. Comme le signalent Louis Hautier et Gilles San Martin du CRA-W dans la synthèse de cette enquête pour l’hiver 2021-2022 publiée dans le N° 212 d’Abeilles&Cie:
« Des mortalités importantes peuvent être signalées dans une commune alors que dans la commune voisine aucune mortalité n’est observée, laissant penser à des événements localisées ».
L’intégralité de cet article est disponible sur notre site et sur le site du projet Bee Wallonie.
La carte COLOSS 2021-2022 révèle un plus fort impact des mortalités en Flandre par rapport à la Wallonie. Les apiculteurs flamands pointent la « bétonnisation » du territoire flamand (en ce compris le béton vert des pelouses largement traitées contre les pissenlits par exemple) qui souffre d’une forte densité de population ainsi que d’un manque de ressources alimentaires de qualité pour les abeilles.
Le président du Vlaams Bijeninstituut, René De Backer signale que « certains apiculteurs sont réticents à signaler leurs pertes, car cela leur donne l’impression qu’ils s’occupent de mal de leurs abeilles. » Pour lui, les résultats ne reflètent pas la réalité de terrain. L’enquête COLOSS est en effet basée sur le volontariat et 702 réponses à l’enquête ont été reçues en 2022. Soulignons qu’il est important d’y répondre quelle que soit la situation pour améliorer la représentativité des chiffres. Aucun jugement de valeur n’est porté. Si les pratiques apicoles ne peuvent jamais être écartées, les conditions environnementales sont également des facteurs à prendre en considération dans les explications, jamais simples, des mortalités subies dans les ruchers.
A l’échelle nationale, les pertes soulignées par COLOSS sont de 20,9% en 2021-22 avec un maximum relevé de 34,4% en Flandre orientale et un minimum de 10,5% pour la province de Namur. Les meilleurs résultats obtenus par la Wallonie sont peut-être imputables à l’engagement politique régional en faveur d’une réduction des pesticides conjugué à un bon travail des apiculteurs et des milieux associatifs apicoles sensibilisés aux bonnes pratiques en matière de suivi des colonies (gestion de la varroase, protection des ruchers, utilisation de cire de qualité…).