Eric Lelong, président de la commission apicole de la FNSEA, est également président de la toute nouvelle interprofession des produits de la ruche en France, l’INTERAPI, émergée début 2018. Il a eu l’occasion de présenter l’origine et les objectifs de l’interprofession lors du congrès du SNA à Rouen. L’un des objectifs avoués de cette association est de rassembler équitablement tous les maillons de la filière apicole : producteurs, conditionneurs, syndicats apicoles, grande distribution. Un autre objectif est de devenir un interlocuteur unique pour les pouvoirs publics. C’est d’ailleurs dans le cadre des Etats Généraux de l’Alimentation que le ministère de l’agriculture du gouvernement Macron a demandé à la filière apicole, comme à chaque filière agricole, de proposer un plan de filière dans la perspective de 2021, avec un certain nombre d’objectifs (économiques, sanitaires, environnementaux, etc.). Il a fallu entamer le chantier de l’interprofession apicole « au chausse-pied » pour répondre à cette demande. En effet, le ministère de l’agriculture ne soutient plus financièrement les filières agricoles qui ne se sont pas dotées d’un plan de filière. La naissance de cette interprofession a également conditionné le sauvetage financier de l’ITSAP par le gouvernement français. Ce sauvetage de l’institut technique apicole français n’était d’ailleurs pas souhaité unanimement, à la fois du fait d’un décalage naturel entre l’immédiateté des problèmes du terrain (temps de la réaction) et la construction d’un encadrement technique et scientifique (temps de la structuration de l’action) et aussi du fait d’un subtil problème de représentation des acteurs de la filière au sein du conseil d’administration de l’institut. Il n’en demeure pas moins que l’ITSAP a une valeur indéniable (connaissance apicole, projets d’encadrement technique, d’information, de formation, de recherche appliquée etc., sans compter les emplois d’une trentaine de chercheurs et techniciens ).
Pour revenir à l’interprofession, les statuts sont aujourd’hui validés. Le Ministère a exprimé un avis favorable. S’en est suivi un dépôt de reconnaissance. La fin du parcours administratif est attendu pour le début 2019.
Qui est représenté dans cette interprofession ?
En aval, dans le Collège de la production, siègent les structures suivantes, syndicats et groupements de producteurs :
- ADA France (Fédération nationale des associations régionales du Développement de l’Apiculture) ;
- Confédération paysanne ;
- Coordination rurale ;
- FEDAPI (Fédération des coopératives apicoles) ;
- FFAP (Fédération Française des Apiculteurs Professionnels) ;
- FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) ;
- GPGR (Groupement des Producteurs de Gelée Royale) ;
- SNA (Syndicat National d’Apiculture) ;
- SPMF (Syndicat des Producteurs de Miel de France) ;
- UNAF (Union Nationale de l’Apiculture Française).
En amont, dans le Collège de la commercialisation, siègent les structures suivantes :
- FCD (Fédération des entreprises du Commerce et de la Distribution) ;
- SFM (Syndicat Français des Miels) ;
- SNFGMA (Syndicat National des Fabricants et Grossistes en Matériels Apicoles).
Les axes stratégiques structurant l’action de l’interprofession sont les suivants :
- « Contribuer à la résolution des problèmes de production des produits de la ruche »;
- « Améliorer la qualité et la traçabilité des produits de la ruche »;
- « Améliorer la connaissance, la transparence et l’information relative aux marchés pour une juste rémunération de l’ensemble des maillons de la filière »;
- « Promouvoir les produits de la ruche et la conclusion d’accords interprofessionnels ».
Pour ce faire, sans attendre la fin du parcours administratif validant officiellement l’existence de l’interprofession, plusieurs commissions ont déjà été mises en place telle que, pour n’en citer qu’une, la commission de travail sur la normalisation AFNOR.
Selon Eric Lelong, la réussite du projet d’interprofession conditionne la capacité de la France à bénéficier du Programme Apicole Européen. Ces subsides européens sont passés de 7,5 à 15 millions d’euros. Légalement en France, les subsides européens pour soutenir le secteur apicole représentent 40% du montant total du Programme. L’état français cofinance la même part c’est-à-dire 40%. Les 20% restant doivent être apportés par le secteur lui-même. Cela devrait se faire via la CVO, Contribution volontaire obligatoire, cotisation ayant pour objectif de valoriser des filières agricoles et que les interprofessions sont seules habilitées à percevoir selon la loi du 10 juillet 1975. Cette cotisation est payée par les professionnels du secteur. Ce seront donc les apiculteurs qui devront verser la CVO malgré les très mauvaises conditions conjoncturelles. Précisons que, en France, dans le respect des objectifs des Programmes Apicoles Nationaux visant à encourager la production et la commercialisation de produits apicoles, le bénéfice des subsides européens revient aux professionnels de la filière apicole. L’apiculture de loisir, qui existe bel et bien sur le territoire français, n’est pas financée par le Programme Apicole Européen n’ayant pas de valeur économique reconnue. Pour le dire autrement, le Programme Apicole Européen est dédié en France, comme dans la plupart des pays européens, aux apiculteurs qui n’ont aucune autre source de revenus que l’apiculture. On pourrait naturellement discuter de l’interprétation de la valeur économique de l’apiculture de loisir qui produit des richesses environnementales et sociétales mais cela sortirait ici de notre contexte.
A lire pour aller plus loin:
Les aides à l’apiculture en France – ADA France