Depuis le mois de septembre, Laure, notre assistante dans les ruchers du CARI, a fait plusieurs observations empiriques à propos du frelon asiatique au rucher en cette fin de saison 2022. Il nous paraît important de partager ses observations qui ouvrent la voie à des questionnements et à des pistes d’action pour la prochaine saison apicole. Naturellement, la situation est différente d’un rucher à l’autre. Les paramètres environnementaux et climatiques jouent aussi un rôle indéniable dans ce contexte. Les remarques valent ici pour les ruchers du CARI sur lesquels Laure a travaillé mais peuvent servir de point de départ pour une réflexion plus personnelle.
Description du contexte
Protéger les ruches était un préalable. Ruches et ruchettes ont été équipées dès que possible pour nous (en septembre cette année) de muselières à grillage (10×10). Elles seront équipées plus tôt l’année prochaine, dès le mois d’août. Dans chaque rucher, un piège à frelons Red Trap a été placé avec l’appât conseillé pour la période automnale lors de la conférence de Louis Monéger du Groupe F à Louvain-la-Neuve, à savoir un mélange 1/3 bière 1/3 vin doux 1/3 grenadine. Les pièges ont été relevés régulièrement (chaque semaine) et l’appât renouvelé.
Comportement du frelon asiatique
Il a semblé à Laure que les frelons asiatiques sont plus présents dans les situations où les abeilles sont les moins nombreuses : le matin, lorsque la météo n’est pas très bonne… Inversement, Laure a relevé que lorsque la journée est ensoleillée avec une sortie massive des abeilles, les frelons semblent moins présents. Les captures sont-elles plus compliquées ? Se font-elles ailleurs qu’au rucher? Autre remarque déjà souvent entendue: en présence de l’homme, le frelon asiatique se montre farouche et fuit. S’il aperçoit l’apiculteur, il y a fort à parier qu’il se montre plus discret.
La muselière de type grillage
La muselière de type grillage n’a pas un effet de protection absolu. Comme toute muselière, elle écarte les frelons de l’entrée de la ruche d’une vingtaine de centimètres ce qui évite que la colonie soit « tétanisée » par les phéromones des prédateurs. Les butineuses continuent donc leurs activités. Laure a cependant remarqué, en testant les muselières de type grillage (10x10mm), que le grillage constitue un obstacle pour certaines butineuses à l’entrée et à la sortie de la ruche. Elles doivent parfois s’y prendre à plusieurs fois pour sortir. Cette perte de temps et cette désorientation peuvent faire d’elles une proie facile si les frelons sont présents. Laure a observé un frelon entré dans la muselière pour capturer une abeille: il a mis plusieurs minutes à en sortir. Ce type de maillage n’est pas un mur infranchissable pour le frelon mais reste dissuasif.
Les muselières de type grillage ne peuvent pas se fixer facilement aux ruchettes en frigolite. Les ruchettes demandent pourtant une protection renforcée. Victor a adapté le modèle de muselière proposé par le CARI pour cet usage.
| Victor présente son adaptation des muselières pour les ruchettes » Les muselières adaptées aux ruchettes sont super faciles à installer. Il suffit juste de poser la ruchette dessus et elles peuvent être installées sans passer devant les ruches. Ces muselières ne doivent pas être vissées, ce qui représente un gain de temps lors de l’installation et ça a l’avantage de ne pas perturber les abeilles. Elles peuvent donc être utilisées sur les ruchettes en frigolite où il est impossible de visser. L’installation est super stable étant donné la longueur de la planche (faible porte-à-faux de la muselière). La ruchette est toujours aérée par en dessous (via le grillage) étant donné que le contact entre la planche et la ruchette se fait au niveau des pieds de la ruchette. 2 bandes ont été prévues en dessous de la muselière qui permettent de limiter la surface de contact avec des surfaces humides. » Victor Herman |
Questions:
- un autre type de grillage (maillage plus grand ou plus petit) serait-il plus efficace?
- une muselière de type Norma (à tubes), qui facilite l’entrée et la sortie des abeilles, serait-elle une meilleure solution?
Les pièges Red trap
Laure a pu constater qu’ils ont bien fonctionné lorsque les journées étaient belles et ensoleillées. Les guêpes sont fortement attirées elles aussi et il est nécessaire d’utiliser des boîtes à appât bien hermétiques pour éviter les piégeages non désirés (guêpes, mille-pattes…). En outre, avec des boîtes à appât bien hermétiques, les frelons n’ont pas accès à la nourriture et meurent ainsi plus vite… de faim. Cela évite de recharger trop vite les pièges. Pour l’information de qui considèrerait que les guêpes devraient être piégées elles aussi, précisons que les guêpes sont de grands régulateurs environnementaux et à ce titre très utiles (mouches, chenilles…). Les guêpes peuvent ressortir des pièges Red trap. Laure a remarqué également que certains frelons européens de petite taille peuvent entrer et être piégés. La sélectivité du piège reste relative. Il faut insister sur la nécessité de bien isoler l’appât des animaux pris dans le piège tout en permettant la diffusion olfactive des substances attractives. Tout un art!
Questions:
- quelle est l’efficacité réelle du piégeage de fin de saison?
- un autre appât serait-il plus efficace?
- un autre emplacement pour le piège?
Informations complémentaires
Pour aller à la pêche aux informations utiles pour continuer de tester et réfléchir:
- Le site du Groupe F de Bruxelles
- Les conseils du groupe frelon de Wavre
- Le site des Amis des abeilles du Val d’Oise
Pour agir / nids de frelons asiatiques:
- Procédure officielle SPW (jusqu’au 31 décembre 2022)
- Informer la population locale