Les entreprises industrielles de protection des plantes, pour reprendre l’euphémisme consacré, ont opéré leur révolution verte. Si l’on en croit certains documents publiés par l’Association européenne de protection des plantes (ECPA), elles ont parfaitement intégré le paramètre « abeille » dans leurs perspectives de développement. En premier lieu, les industriels ont mesuré l’évolution des exigences en matière d’encadrement de l’évaluation des risques des produits de traitement pour les abeilles. Leur but est bien évidemment de continuer à commercialiser des produits de traitement tout en évitant les nouvelles contraintes européennes de mise sur le marché.
Ils ont mis en place toute une stratégie d’actions à géométrie variable pour trouver des solutions de nature à satisfaire les acteurs de la cause environnementale, les décideurs politiques, les institutions européennes et les apiculteurs. Certaines solutions sont déjà en place depuis un certain temps:
– des solutions techniques et des conseils pratiques pour minimiser l’impact des poussières de semence (Seed treatment stewardship – Bayer);
– de l’information et des conseils sur la bonne gestion des bordures de champs dans un objectif de conservation des espèces (ECPA);
– l’aménagement de zones de protections pour les insectes butineurs et la faune sauvage dans les exploitations agricoles (Operation Pollinator – Syngenta / Farm 4 bio – Syngenta, BASF, BCS, BASF, Dow, DuPont etc.).
D’autres projets sont plus récents. Dans le cadre de la lutte contre varroa citons :
– MAQS® Beehive Strip (BASF), traitement à l’acide formique.
– BioDirect TM (Monsanto), une nouvelle technologie en phase de recherche et développement alliant biotechnologie et méthodes culturales. Dans ce cadre, les nouveaux produits phyto utiliseront les technologies génomiques pour un usage topique selon les besoins des plantes.
– Varroa gate (Bayer), une grille d’entrée chimiquement active utilisant les propriétés nanotechnologiques d’une micro-poudre électrostatique qui permet le transfert des substances actives de la grille à la cuticule de l’abeille.
– Le Bee Care Center de Bayer existe depuis 2011 et affiche la volonté de soutenir des programmes d’aide à la protection des abeilles, au maintien des ressources alimentaires pour les pollinisateurs et aux programmes de recherche visant à faire progresser la lutte contre les causes de dépérissement. Dans ce cadre, Bayer recherche de nouveaux principes actifs pour de nouveaux varroacides. En 2014, un financement a été attribué au programme Arista Bee Research, fondation pour l’élevage d’abeilles résistantes au varroa, que les apiculteurs connaissent bien. Un article à ce sujet est disponible sur le magazine Bee Now 2015 publié par Bee Care.
Des programmes de recherche fondamentale sont également financés par les industriels comme l’élaboration d’un modèle de développement d’une population d’abeilles (Syngenta).
Terminons en signalant que les entreprises de protection des plantes sont impliquées dans la plate-forme de concertation européenne Bee Health et qu’elles mettent à disposition du grand public une plate-forme d’information sur le sujet de la santé des pollinisateurs.
Les industries de protection des plantes se sont-elles converties en industries de protection des abeilles? Ont-elles intelligemment saisi la balle au bond et déjà orienté leurs développements vers des technologies nouvelles qui seront vendues comme plus « vertes » à tord ou à raison? A chacun de juger!