Enquête COLOSS 2021-22 – Résultats pour la Belgique

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Cette année, nous pouvons nous féliciter d’une nouvelle extension du questionnaire COLOSS à certaines pratiques apicoles. Cela permet aujourd’hui d’obtenir une image supplémentaire de l’apiculture belge et de lire un rapport de résultats dont les informations peuvent trouver de l’intérêt au-delà même des statistiques de mortalité hivernale.

Les points repris sur la carte suivante représentent les apiculteurs belges qui ont pris la peine de répondre au questionnaire. Merci à eux!

Source: Gilles San Martin, Ellen Daneels et al. – Rapport 23 Juin 2022

Mortalités hivernales

Les apiculteurs ayant répondu au formulaire offrent la possibilité de produire une estimation des mortalités hivernales à l’échelle de la Belgique même si on peut noter une représentation inégale selon les provinces.

ProvincesNombre de ruchersNb de colonies avant l’hiverNb de colonies après l’hiver
Anvers67734548
Brabant Wallon70626485
Bruxelles-Capitale73423
Hainaut40327269
Liège91605487
Limbourg31321277
Luxembourg81694620
Namur37391350
Flandre orientale79630413
Brabant flamand49475354
Flandre occidentale47411327
Belgique entière59952484153
Estimation des mortalités hivernales

Dans le graphe ci-dessous, la ligne rouge correspond à la mortalité moyenne à l’échelle nationale. Elle permet de situer le taux de pertes de colonies déclaré pour chaque province.

Source: Gilles San Martin, Ellen Daneels et al. – Rapport 23 Juin 2022

Le graphe ci-dessous permet de comparer les résultats en fonction des zones agricoles.

Si l’on prend la carte des municipalités, les couleurs rouges représentent celles dont les mortalités sont supérieures à la moyenne nationale.

Source: Gilles San Martin, Ellen Daneels et al. – Rapport 23 Juin 2022

Dans la carte suivante, le bleu foncé montre les 10 % de municipalités dont les mortalités sont les plus faibles. Le rouge foncé montre au contraire les 10 % de municipalités dont les mortalités sont les plus élevées.

Source: Gilles San Martin, Ellen Daneels et al. – Rapport 23 Juin 2022

Une carte interactive des résultats est, comme chaque année, proposée par Gilles San Martin (CRA-W).

Gestion du varroa et traitements

Concernant varroa, 347 apiculteurs ont déclaré faire un suivi de l’infestation dans leurs colonies tandis que 150 ne pratiquent pas de suivi. La répartition entre le nord et le sud du pays est assez homogène, y compris en ce qui concerne les périodes de suivi comme on peut le voir dans le graphe ci-dessous.

Source: Gilles San Martin, Ellen Daneels et al. – Rapport 23 Juin 2022

Concernant les traitements, voici un tableau qui reprend tous les traitements par nombre d’apiculteurs.

TraitementsNb apiculteurs%
Acide oxalique – dégouttement25146,8
Couvain de mâles23844,4
Création de ruchettes23042,9
Acide oxalique – dégouttement sans couvain 21540,1
Acide oxalique – évaporation11020,5
Acide formique – court terme10118,8
Amitraz (en bandes, par exemple Apivar) 9117
Thymol (par exemple Apiguard)8315,5
Acide oxalique – pulvérisation sans couvain 8115,1
Acide oxalique – évap. sans couvain7013,1
Autres méthodes biotechniques  7013,1
Hiveclean/Bienenwohl/Beevital6612,3
Acide formique – long terme6411,9
Acide oxalique – évap.avec couvain 5810,8
Acide oxalique – dégouttement avec couvain489
Pas de traitement Varroa285,2
Une autre méthode254,7
Flumetrin (p. ex. Bayvarol) 203,7
Acide oxalique – en vaporisation avec couvain183,4
 Fluvalinate (p. ex. Apistan)142,6
Un autre produit chimique 142,6
Des huiles essentielles101,9
Amitraz (fumigation) 91,7
Acide lactique50,9
Coumaphos (en lanières)30,6
Hyperthermie 10,2
Coumaphos (Perizin)10,2
Traitements / nb d’apiculteurs et %

Un grand nombre d’apiculteurs ont appliqué 4 à 5 traitements différents dans leurs colonies.

Source: Gilles San Martin, Ellen Daneels et al. – Rapport 23 Juin 2022

Pour une majorité, il s’agit de traitements chimiques doux associés à des méthodes biotechniques (44%) ou pas (24,3%).

Source: Gilles San Martin, Ellen Daneels et al. – Rapport 23 Juin 2022

Le graphe ci-dessous reprend les 8 traitements les plus couramment appliqués, leur période d’application et le nombre d’apiculteurs concernés.

Peu de différences existent entre les pratiques en Flandre (+Bruxelles) et en Wallonie concernant la gestion et le traitement contre varroa. Les méthodes biotechniques semblent avoir un peu plus de succès au Nord. Les traitements chimiques de synthèse sont plus présents au Sud.

Selon Gilles San Martin, Ellen Daneels et al., la mortalité est estimée à 32,6% pour les apiculteurs sans aucun traitement signalé. Cette mortalité chute à 10,6% pour les personnes déclarant utiliser les bandelettes d’Amitraz. Ce sont les seules données réellement significatives.

Pratiques apicoles

Les apiculteurs ont été interrogés sur la période à laquelle ils effectuent certaines opérations apicoles spécifiques (récolte du miel, changement de reines, …) et sur certains « événements » de la vie des colonies (essaimage, colonies dépendantes des réserves alimentaires, etc.). Les résultats sont visibles dans les graphes suivants et ne suscitent pas de grandes surprises:

Source: Gilles San Martin, Ellen Daneels et al. – Rapport 23 Juin 2022

D’autres questions sur la gestion apicole, pouvant avoir un impact direct ou indirect sur la santé des colonies ont été posées. Ces questions concernent:

  • InsulatedHive / L’isolation des ruchers en hiver (y compris les ruches à double paroi)
  • NaturalComb / Les constructions naturelles (sans cire gaufrée)
  • Non-WaxFoundation / Les supports sans cire dans le nid à couvain
  • PlasticHive / Les ruches en matériaux synthétiques
  • PurchaseWax / L’utilisation de cire commerciale
  • ScreenBottBoard / L’utilisation d’un fond plein en hiver
  • SmallBroodCellSize / Les cellules de petite taille pour le couvain (5,1 mm ou moins)
  • VarroaTolerantStock / les reines issues d’une souche tolérante/résistante à Varroa
  • Velutina / L’observation du frelon asiatique au rucher

Voici les résultats, la répartition spatiale des réponses et le pourcentage d’apiculteurs ayant répondu positivement en fonction des régions:

Source: Gilles San Martin, Ellen Daneels et al. – Rapport 23 Juin 2022

Concernant spécifiquement la gestion de la cire, 158 apiculteurs ont déclarés ne pas acheter de la cire à l’extérieur pour l’utiliser dans leur exploitation tandis que 336 ont déclaré utiliser la cire commerciale. 63 apiculteurs ont déclaré laisser les abeilles construire sans cire gaufrée tandis que 390 ne pratiquent pas la construction naturelle. Les analyses statistiques n’ont pas permis de trouver de différence significative de mortalité corrélée à l’origine de la cire.

Abeilles: races et tolérance

Lorsque les races d’abeilles sont identifiées, ce sont les Buckfast et carnica qui sont les plus fréquemment élevées avec une répartition culturelle assez nette. La carnica est majoritairement présente en Flandre et dans l’Est de la Wallonie tandis que l’abeille Buckfast domine en Wallonie. L’abeille noire est minoritaire et disséminée selon les résultats de l’enquête. Si l’on considère que les apiculteurs du Hainaut, éleveurs d’abeilles noires par tradition, sont représentés à concurrence de 40 ruchers, on peut se douter d’une certaine sous-représentation des apiculteurs élevant l’abeille noire.

Source: Gilles San Martin, Ellen Daneels et al. – Rapport 23 Juin 2022

Les apiculteurs élevant des Buckfast ont déclaré une proportion plus élevée d’abeilles tolérantes au varroa. Ceci reste déclaratif. Les reines déclarées issues de souches tolérantes/résistantes à varroa sont une minorité, sans grande surprise.

Conclusion

Les auteurs du rapport déclarent que « la mortalité est plus faible pour les apiculteurs déclarant l’utilisation de traitements chimiques synthétiques. Toutes choses étant égales par ailleurs, les traitements chimiques durs sont associés à une diminution de la mortalité de -25,4% ». Nous tenons à rappeler que ces résultats statistiques sont à mettre en perspective et confrontés à d’autres paramètres qui n’entrent pas en compte dans le questionnaire COLOSS. C’est le cas, par exemple, de la bonne application des méthodes de traitement qui ne peuvent complètement se réduire à un nombre d’applications ou à une période. Le respect des protocoles d’applications a un impact non négligeable. C’est particulièrement vrai pour l’application des acides organiques. Cette question ne peut naturellement pas être évaluée sur base d’un questionnaire déclaratif. Des questions émergent: quelles sont les conséquences du cumul des traitements? mesure-t-on l’efficacité de ce cumul? les combinaisons des traitements doux + traitements avec la chimie de synthèse peuvent-ils être mesurés? idem si l’on ajoute les méthodes biotechniques?

Les résultats de COLOSS produisent une photographie intéressante des pratiques de l’apiculture belge. Il serait imprudent de prendre des corrélations statistiques pour des solutions évidentes contre les mortalités hivernales. Les données statistiques significatives apportent un éclairage. Il faut les confronter à la réalité.