Abeilles et Data Science

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Si certains outils numériques peuvent donner un coup de pouce aux apiculteurs au niveau du suivi des colonies, peut-on aussi facilement s’en remettre à l’intelligence artificielle pour la compréhension d’un modèle vivant aussi complexe qu’une colonie d’abeilles? Comme le rappelle Etienne Bruneau (CARI) interviewé dans La Libre Belgique de ce lundi 6 juillet, « ces produits sont assez récents, on n’a pas encore vraiment de retour. On sait juste que ça fonctionne dans les cas classiques, mais n’oublions pas que les apiculteurs travaillent sur du vivant. Tout n’est pas aussi standard que l’approche généralement mise en avant par les grosses sociétés américaines, lorsqu’elles disent ‘on a votre solution, quelle que soit votre situation’.”

La Une de La Libre Belgique du 6/7/20

Plusieurs petites sociétés européennes proposent des solutions de suivi « à taille humaine » et à l’échelle de l’apiculteur. Ce sont bien souvent des apiculteurs eux-mêmes qui développent des solutions pour répondre aux besoins qui s’expriment dans les ruchers. Ici, dans l’article de La Libre, il s’agit du leader mondial de l’analyse de données (SAS) qui exprime tacitement un enjeu qui dépasse largement l’amélioration du suivi des colonies. On pressent l’objectif de s’imposer sur la scène européenne qui a toujours tendance à moins fermer les yeux sur les questions d’éthique. La connaissance du vivant dans le but de rendre plus efficace sa protection est une idée vertueuse et il est difficile de se positionner contre cette idée. Comme le dit le mathématicien de l’UCLouvain Raphaël Jungers, « ça reste une ruée vers l’or et, même si SAS est sincère dans son altruisme, elle reste également une entreprise commerciale dans un secteur extrêmement prometteur et concurrentiel. Il devient de plus en plus difficile d’acquérir des données de nos jours. Le faire pour une bonne cause pourrait, par exemple, vous valoir moins d’ennuis…” Les enjeux stratégiques et les bénéfices financiers colossaux qui accompagnent le développement de l’intelligence artificielle à large échelle rendent suspect même les projets aux enveloppes les plus vertueuses.