BeSafeBeeHoney : 2ème conférence internationale

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Face aux nombreux constats de mortalités des abeilles liées à divers facteurs, BeSafeBeeHoney a rassemblé des chercheurs de 41 pays pour mettre en place un réseau d’expertise à différents niveaux. L’objectif de ce réseau ? Réaliser des avancées scientifiques en matière de protection de la biodiversité et des abeilles mellifères.

Dans cette perspective, le réseau de chercheurs a organisé sa 2ème conférence internationale composée de diverses présentations, ces 6 et 7 mai 2025. La problématique de la survie des colonies d’abeilles (domestiques & sauvages) a été abordée selon plusieurs angles. J’ai eu l’opportunité d’assister virtuellement à certaines de ces présentations sur des thématiques variées dont vous trouverez les résumés ci-dessous.

BeSafeBeeHoney : 2ème conférence internationale

1. Les stress abiotiques de la ruche

Contamination des pesticides dans les produits de la ruche
Orateur : Adrián De La Fuente Ballesteros

Les produits de la ruche sont contaminés à différentes échelles par plusieurs types de molécules chimiques. L’origine de ces molécules est soit environnementale, soit liée aux pratiques apicoles de traitement contre les parasites et pathogènes.

Selon l’étude présentée par cet orateur, la cire est le produit de ruche qui accumule le plus de pesticides. Le pollen et le miel sont également contaminés par ces substances. Les concentrations sont très variables selon le type de pesticides mais les acaricides sont les plus communément trouvés et les plus toxiques.


2. Le buzz sur les menaces biotiques

(c) Image – Freepik

2.1 Les menaces internes et externes à la colonie
Orateur : Professeur Christian Pirk, University of Pretoria, South Africa

Les colonies sont menacées de l’intérieur par des parasites et des pathogènes ainsi que par l’exposition aux traitements mis en place pour les combattre. Elles sont également menacées de l’extérieur par des mammifères, des oiseaux et d’autres insectes selon les régions. Par exemple, en Afrique, les colonies sont particulièrement menacées par Varroa destructor pour lequel les traitements ne sont pas encore très répandus mais aussi par une abeille sauvage (A. m. capensis) qui détruit rapidement les colonies. 

Le Pr. Pirk a aussi présenté une étude menée qui démontre que l’interférence humaine provoque une nutrition moins riche pour les abeilles domestiques en comparaison avec celle des abeilles sauvages. L’orateur a finalement conclu la présentation sur une question ouverte : « Les abeilles sauvages semblent, potentiellement, plus résistantes aux pathogènes et parasites mais…pour combien de temps ?« 

2.2 La dynamique des pathogènes dans les colonies
Oratrice : Lucija Žvokelj, Veterinary Faculty, University of Ljubljana, Slovenia

En Slovénie, Varroa destructor a développé une résistance aux acaricides synthétiques, notamment à base d’Amitraz. Les méthodes biotechniques sont donc des moyens de lutte privilégiés. Cependant, ces dernières ne sont pas encore adoptées par tous les apiculteurs car elles demandent un temps de manipulation plus long.

Dr. Žvokelj, avec la collaboration d’autres scientifiques, a réalisé une expérience sur les méthodes biotechniques afin de démontrer leur bienfait. L’interruption de couvain fut confirmée comme étant LA méthode à utiliser. Elle est même envisagée pour lutter contre les Tropilaelaps. L’encagement des reines était également efficace mais les résultats étaient moins satisfaisants que ceux de l’interruption de couvain. Une éventuelle adaptation consisterait à utiliser une cage plus grande que les cages conventionnelles car une expérience a démontré de meilleurs résultats en agrandissant la cage où était confinée la reine.

L’oratrice a conclu sa présentation en insistant sur l’importance du traitement en septembre pour lutter contre V. destructor.

2.3 Evaluation de l’efficience de 70 huiles essentielles différentes contre Varroa destructor
Orateur : Marian Hýbl, Institute of Entomology, Biology Centre CAS, Czech Republic

L’utilisation d’huiles essentielles est envisagée comme méthode alternative de traitement. M. Hýbl a ainsi comparé l’efficience de plusieurs huiles essentielles contre V. destructor et deux autres pathogènes. Les huiles essentielles pouvant constituer un risque pour les abeilles, les tests effectués ont été réalisés sur les abeilles ET les Varroas. Plusieurs concentrations ont été testées afin de déterminer la dose létale et permettre de définir la meilleure solution. 

Les huiles essentielles démontrant un effet anti-microbien sont la Citronnelle & la Cannelle. Tandis que les huiles démontrant un effet « anti-Varroa » étaient celles de Copaïba, de Cèdre, de Bergamote et de Patchouli.  

M. Hýbl a conclu sa présentation en affirmant que le Thymol n’était, selon leur étude, pas considéré comme « bee-friendly ».


3. Partenaires de la pollinisation

Pathogènes sans frontières
Orateur : Artur Sarmento, University of Coimbra, Portugal

Les pathogènes jouent un rôle clé dans la mortalité des abeilles et ont la faculté de s’adapter à différentes espèces d’hôtes. Suite à une expérience menée par Monsieur Sarmento, des scientifiques ont étudié l’influence de l’environnement et de la présence d’une colonie domestique vis-à-vis de l’expansion des pathogènes chez les abeilles sauvages

Les résultats ont démontré que les abeilles mellifères sont l’hôte principal de 2 pathogènes spécifiques : le virus de la paralysie aiguë (Acute Bee Paralysis Virus) et celui du couvain sacciforme (Sacbrood Bee Virus). D’autres pathogènes circulent activement entre les espèces d’abeilles sauvages suggérant que des environnements et des ressources alimentaires partagées peuvent faciliter la transmission de pathogènes. 

Les conclusions de cette expérience suggèrent que la propagation des pathogènes n’est pas exclusivement liée à la présence d’abeilles mellifères mais aussi à certains pathogènes répandus dans l’environnement et encore plus abondants chez les abeilles sauvages. 

(c) Image par Annette Meyer de Pixabay

Finalement, selon M. Sarmento, il est impératif de considérer la santé globale des pollinisateurs, incluant les abeilles mellifères, et d’éviter les généralisations.


4. Politiques visant à créer des liens dans le domaine de l’apiculture

Politiques et pratiques de l’UE pour une apiculture durable et la protection des pollinisateurs
Orateur : Fatjon Hoxha, University of Tirana, Albania

Pour rappel, l’Union Européenne a établi un cadre global des législations et initiatives afin de promouvoir l’apiculture durable, sauvegarder la santé des abeilles et protéger les pollinisateurs. 

Depuis le 1er janvier 2023, le soutien au milieu apicole est assuré par la fixation de 7 mesures dictées par la réglementation « Régulation (EU) 2021/2115; Article 55 §1 ». Les pays européens sont libres de choisir quelles mesures ils veulent appliquer selon leurs besoins et priorités.

Cette présentation était l’occasion de refaire le point sur la révision de la directive miel (2001/110) entrée en vigueur le 13 juin 2024. Tous les miels commercialisés en Europe doivent répondre à des normes de qualité et un étiquetage qui établissent la définition et les critères de composition pour le miel ainsi que d’autres règles, notamment :

  • A partir de 2026, le pays d’origine d’un mélange de miels devra apparaître sur l’étiquette, en ordre décroissant selon le pourcentage de chaque origine ;
  • La Commission sera responsable d’introduire les méthodes harmonisées d’analyses pour détecter l’adultération du miel à l’aide de sucre ;
  • La Commission devra adapter les critères de composition du miel afin d’assurer qu’il n’a pas été surchauffé, que le pollen n’a pas été retiré et qu’un système de traçabilité de l’origine géographique à été mis en place, incluant l’étude de faisabilité à l’échelle de l’UE à partir du producteur jusqu’au consommateur. 

Conclusion des deux journées

Le milieu apicole et ses colonies font face à beaucoup de facteurs extérieurs qui impactent plus ou moins leur développement.

L’application de bonnes pratiques, la recherche de nouvelles méthodes de traitement et l’instauration de législations qui se veulent supportrices du secteur semblent être de bonnes pistes afin de faire face aux futurs challenges écologiques et économiques.

Pour en savoir plus : BeSafeBeeHoney