Qui n’est pas scandalisé face à ce type de fait divers largement relayé par les journaux? Le drame souligne l’impact du business de l’élevage, l’économie apicole mondialisée, l’archétype de l’apiculture nord-américaine fondée sur un commerce massif de reines et de colonies importées massivement du Chili, de Californie, d’Hawaii et de Nouvelle-Zélande pour remplacer les colonies mortes à la fin de la saison apicole.
Comme tout animal, les abeilles respirent et ont quelques besoins biologiques pour être maintenues en santé et en vie. Les abeilles, comme tout animal, sont bien plus que des biens de consommation ou des instruments de pollinisation. Ce type de fait divers jette le discrédit sur la profession même si ce modèle économique reste, soulignons-le, quasi inexistant en Europe.
Transhumance et stress
Sans arriver à des extrémités comme les transhumances ultimes de l’apiculture hyper-intensive, gardons à l’esprit qu’une transhumance, même à petite échelle, reste un stress pour les colonies. Les transports de ruches, parfois sur de longues distances, peuvent laisser des traces. Attention de ne pas surévaluer la capacité de résistance des abeilles! Même dans le cadre de petites transhumances ou de petits déplacements, les colonies peuvent mourir asphyxiées.
Les colonies ont besoin d’une excellente aération pendant la transhumance pour éviter l’asphyxie, en particulier les ruches fortes. Les transports de ruches, pour transhumance, sur des distances parfois importantes, sont souvent accompagnées de pertes de colonies qui pourraient être évitées avec des pratiques conscientes.
Comment préserver les colonies durant le transport?
La transhumance nocturne est conseillée. Idéalement, les colonies seront placées dans des ruches bien aérées, avec des cadres bien fixés pour éviter les écrasements.
Pour un trajet de moins d’une heure, avec le déplacement de peu de colonies et si vous et vos abeilles voyagez dans le même habitacle d’une voiture, vous pouvez fermer l’entrée avec un système du type porte d’entrée Nicot réversible avec perforations par sécurité. Organisez un courant d’air suffisant dans la voiture et ne trainez pas en chemin.
Pour plus de confort, un système grillagé de type « muselière » permet aux abeilles de disposer d’un petit espace aéré supplémentaire pour sortir. Cela n’est jamais suffisant et il faudra minimiser le temps de claustration au maximum.
Pour de plus longs trajets et des colonies nombreuses, mieux vaut utiliser une remorque ou le plateau d’un camion et transhumer colonies ouvertes. Il faut simplement veiller à avoir une conduite régulière et souple. Les apiculteurs qui transhument savent que le mouvement fluide du véhicule et le bruit du moteur « calment » les abeilles qui ont tendance à se grapper. Un enfumoir (avec fumée froide) opérationnel et un pulvérisateur à eau seront toujours des précautions à avoir pendant le trajet, ainsi qu’un équipement complet pour les apiculteurs. La transhumance demande un peu d’expérience, la conscience de transporter des animaux vivants qui peuvent être dangereux en cas de stress (accident…) et la nécessité de le faire dans les meilleures conditions pour le bien des abeilles et des apiculteurs qui vont charger et surtout décharger les ruches.