L’un des intérêts du Congrès apicole européen Beecome est de prendre connaissance de l’apiculture dans les pays voisins du nôtre. Au CARI, nous sommes persuadés depuis longtemps qu’il est nécessaire de se laisser inspirer par ce que font les autres et que le succès et l’évolution réside dans la découverte. Cette année, Beecome est organisé par la Pologne à travers l’entreprise Lyson. En toute logique, le congrès est donc focalisé cette année sur l’apiculture de l’est de l’Europe.
Dr Peter Kozmus, Vice-Président d’Apimondia entre autres fonctions apicoles, nous a présenté l’apiculture slovène qui peut paraître, à bien des égards, comme un modèle d’organisation et de développement. On a tendance à considérer la Slovénie comme un paradis pour les apiculteurs. Etienne Bruneau parle même de la Slovénie comme le « berceau de l’apiculture moderne ».
Plusieurs articles ont été rédigés par Etienne Bruneau dans Abeilles&Cie à la suite du voyage apicole organisé en Slovénie par le CARI.
La Slovénie est un petit pays d’Europe centrale qui compte 11.000 apiculteurs, 12.000 ruchers et 205.000 colonies d’abeilles carnioliennes, endémiques dans ce pays. Les ruchers ont une moyenne de 15 colonies. Les apiculteurs produisent en moyenne 15 kilos par colonie. La production globale est de 1.700 tonnes de miel, et les apiculteurs vendent leur récolte directement pour 85%. La production de miel ne suffit pas à couvrir les besoins de la population slovène. La précision de ces chiffres peut sans doute faire envie à certains autres pays comme la Belgique où le secteur apicole ne bénéficie pas d’autant de transparence.
Les apiculteurs slovènes pratiquent très massivement l’apiculture itinérante en utilisant des unités mobiles (camions ou remorques). Il y a quelques contraintes à ce système, principalement:
- les difficultés à réaliser ces ruchers mobiles,
- le coût que ces ruchers engendrent,
- le travail plus délicat dans des ruches dont on ne peut pas augmenter le volume (risques d’essaimage)
Par contre, les avantages sont intéressants puisque l’on peut rassembler et bouger les colonies facilement et on peut travailler quel que soit le temps dans ce type de rucher.
L’apiculture slovène a une dimension historique et traditionnelle. L’Association nationale des apiculteurs slovènes a été créée en 1873. Elle rassemble 212 sections locales. Son objectif principal est d’aider et de former les apiculteurs. Elle édite un mensuel depuis 130 ans. L’association se charge par ailleurs de certaines actions grand public et encadre également l’agrément des éleveurs de carnica.
L’apiculture slovène est remarquable pour son implication dans les actions et initiatives nationales et internationales. L’association nationale est membre d’Apimondia, d’Apislavia, de l’EPBA (European Professional Beekeepers Association), etc. Ils ont organisés de nombreux événements internationaux (Apimondia 2003 par ex.). Ils soutiennent aussi des programmes éducatifs et promotionnels:
- Les journées des apiculteurs
- Les journées de l’apithérapie
- La journée des miels de qualité
- L’Apitourisme
- L’organisation de conférences et de symposium
- La publication de matériel promotionnel (films, brochures…)
- Le petit déjeuner au miel dans les écoles chaque année (le 3 novembre) depuis 2008 (excellent outil de promotion et d’éducation au goût)
Le gouvernement slovène soutient massivement les apiculteurs. Un programme de conservation et de sélection de l’abeille carnica est en place depuis de nombreuses années. Des services vétérinaires spécifiques sont destinés aux apiculteurs. L’ensemble des programmes de soutien s’élève à 2.000.000 d’euros (soit environ 9,75 euros par colonie).
Du point de vue de la formation, le nombre de clubs d’apiculture a augmenté régulièrement pour atteindre le chiffre de 441 en 2015 ce qui est très important. La courbe des élèves apiculteurs est exponentielle et leur nombre passe de 855 en 2008 à 2314 en 2015.
Un réseau de surveillance des ruchers, tel que celui que nous sommes en train de mettre en place en Wallonie, est opérationnel sur tout le territoire Slovène.
Autre parallèle, des concours miels sont organisés non pas pour mettre en compétition les apiculteurs mais bien pour leur donner un outil de mesure de la qualité de leur miel et de leur technicité. Tout comme nos « Concours des miels d’ici et d’ailleurs », l’objectif est de valoriser le travail des apiculteurs et de leur offrir une stimulation pour améliorer leur technicité.