APIMONDIA Montréal – Programme scientifique

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Nous sommes à l’aube de l’ouverture de la 46° édition d’Apimondia qui se déroule cette année à Montréal. L’événement s’annonce très riche avec un programme scientifique de 4 journées de symposium structurées en fonction des traditionnelles Commissions scientifiques d’Apimondia. Chaque journée offre en parallèle ses sessions de posters (130 à 150 par jour) et ses workshops. Et chacune sera inaugurée par un orateur principal de renom, principalement Nord-Américain puisque nous sommes à Montréal. 

Symposium

Apiculture et développement rural

Le sens de l’expression « abeille locale » sera mis sur la table ainsi la question de l’abeille indigène et de son importance dans le cadre du développement local. L’abeille, la forêt et l’apiculture naturelle et traditionnelle seront évoquées en tant que levier d’action pour la protection de l’environnement. De même, le vecteur de développement social de l’abeille en ville sera interrogé. Plus généralement l’apiculture comme facteur de développement économique et social en zones rurales et urbaines sera largement évoquée. 

Commissions scientifiques d’Apimondia

Apithérapie

À Montréal, l’apithérapie sera résolument tournée vers l’avenir. Le focus est fait sur l’entrée de l’apithérapie dans la médecine moderne, humaine et vétérinaire, avec une série de cas très spécifiques. Le symposium présentera aussi une série d’innovations (très pointues) dans ce domaine. Un workshop sur l’utilisation du venin dans la prévention et le traitement des allergies semble très prometteur. 

Biologie de l’abeille

En biologie de l’abeille, le symposium balayera les récentes découvertes scientifiques (génome, biochimie, nutrition et microbiome, immunité sociale, neuro-éthologie…). Canada oblige, le symposium abordera aussi la question de la survie hivernale des colonies en climat froid

Économie apicole

Si le grand sujet d’actualité en matière d’économie apicole est la détection et la prévention des fraudes (une table ronde portera sur l’adultération des miels), d’autres angles économiques seront abordés comme la diversification des sources de revenus pour les apiculteurs et l’importance du marketinget du branding pour une entreprise apicole. Apimondia est aussi toujours l’occasion de proposer des sujets de synthèse, comme la comparaison des modes de production, et de mettre à jour les données concernant le marché international du miel.

Pollinisation et flore mellifère

L’habitat idéal pour les abeilles sera questionné, incluant la problématique de la qualité des ressources alimentaires en lien avec la santé des colonies. Des interventions très spécifiques sur la caractérisation de ces ressources florales dans des contextes particuliers (zones géographiques) sont également prévues. Le symposium abordera aussi la question fondamentale de la pollinisation et de son influence en zones agricoles et dans les ères naturelles protégées. Les autres pollinisateurs seront inclus dans le débat (abeilles sauvages, mellipones, bourdons…). Le statut de tous les pollinisateurs, question cruciale, sera abordée sous l’angle de la protection des espèces. 

Santé des abeilles

L’impact des pesticides sur les abeilles et le trio parasites-virus-pathogènes (et leur contrôle) se taillent la part du lion. Notons aussi la question actuelle de l’engagement citoyen au service de la santé des abeilles et l’émergente question (dans ce contexte) de l’apiculture sans traitement. Naturellement, les avancées de la recherche d’abeilles résistantes à varroaseront aussi sous les feux de la rampe. 

Technologie de l’apiculture et qualité 

Ce qui ressort clairement du programme c’est le développement des nouvelles technologies appliquées à la surveillance des colonies et à l’insémination des reines.  Une synthèse des progrès en matière de contrôle de la qualité des produits (propolis, gelée royale, miel) et de détection des résidus (la cire en particulier) sera proposée ainsi que les techniques de caractérisation des produits de la ruche. 

Enfin, tout naturellement, un panorama de l’apiculture canadienne émergera à la fois du symposium et de l’espace d’exposition. Cela introduira les différentes visites techniques proposées aux congressistes. 

Conférenciers

Chaque journée sera inaugurée par une conférence donnée par un scientifique de renom dans le cadre de la recherche en apiculture.

La conférence de Gene E. Robinson (USA) s’intitule en traduction française « De moi à nous avec les abeilles : à la recherche des racines génétiques de la socialité ». Le chercheur en entomologie dirige depuis 2011 le Carl R. Woese Institute for Genomic Biology de l’Université de l’Illinois. Il est un pionnier de l’application de la génomique à l’étude du comportement social. Son laboratoire a découvert le premier gène connu pour être impliqué dans la régulation de la division du travail de la colonie d’abeilles. Il a également montré que l’information sociale provoque des changements massifs dans l’expression des gènes du cerveau de l’abeille. 

La conférence de Rufus Isaacs (USA) s’intitule « Pollinisation intégrée des cultures en théorie et en pratique ». Le chercheur dirige le Berry Crops Entomology laboratory du département d’entomologie de la Michigan State University. Il dirige également le Integrated Crop Pollination project. Lui et son équipe concentrent leurs recherches sur la gestion des insectes nuisibles et des pollinisateurs afin de soutenir la rentabilité des exploitations agricoles du Michigan. Plus largement, il explore le concept de pollinisation intégrée des cultures de fruits, de légumes et de noix aux États-Unis. Entomologiste agricole depuis vingt ans, il mène des recherches sur les cultures maraîchères, les grandes cultures et la production fruitière. Dans ce cadre, il étudie divers aspects du comportement, de l’écologie et de la gestion des insectes. Son laboratoire se concentre actuellement sur la conservation des pollinisateurs et la pollinisation des cultures fruitières.

Le biologiste allemand et apiculteur Peter Rosenkranz (DE) est spécialiste de la biologie et du contrôle de Varroa destructor ainsi que de la communication chimique des abeilles mellifères. Il dirige l’Apicultural State Institute de l’Université de Hohenheim, institut chargé de recherches appliquées, d’analyse de la qualité du miel et de la détection des résidus ainsi que de formation continue des apiculteurs. Il est membre du comité de rédaction d’Apidologie et membre du comité de travail des instituts apicoles allemands.

Thomas D. Seeley (USA) est professeur de biologie à la Cornell University. Il est éthologue et conduit des recherches sur le comportement, la vie sociale et l’écologie des abeilles mellifères. Il est bien connu pour ses ouvrages sur le comportement des abeilles : Honeybee Ecology (1985), The Wisdom of the Hive (1995), Honeybee Democracy (2010), Following the Wild Bees (2016) et récemment The Lives of Bees (2019).

Nous suivrons l’événement pour vous et rapporterons de quoi alimenter l’information sur ce blog. Etienne BRUNEAU, qui préside la Commission Technologie et qualité, modèrera la table ronde sur l’adultération des miels et le symposium sur les innovations techniques en apiculture. Il participera également à la table ronde sur l’avenir de l’apiculture mondiale face aux nouveaux défis. Il présentera aussi un poster sur l’impact du changement climatique sur les pratiques apicoles. Noa SIMON quant à elle présentera une communication sur « Les pollinisateurs en tant qu’indicateurs des politiques affectant le paysage et l’environnement ».