« Vaccination » des larves d’abeilles

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copyright- Agnès FayetSCIENCE – Chez les insectes, les anticorps présents chez les mammifères n’existent pas. Par conséquent, on a longtemps pensé qu’ils étaient dépourvus de système immunitaire. On était en particulier loin de penser que les invertébrés pouvaient bénéficier d’un système de protection immunitaire aussi subtile que « l’amorçage immunitaire transgénérationnel » c’est-à-dire le transfert d’immunité d’une génération à l’autre. Les fondations de ces certitudes sont aujourd’hui ébranlées. Des chercheurs ont récemment mis à jour le rôle joué par une protéine appelée vitellogénine dans la protection des larves contre les maladies.

Qu’est-ce que la vitellogénine ?

La vitellogénine est une lipoprotéine synthétisée par le tissu adipeux des insectes dont la fonction peut s’apparenter au foie des mammifères. Elle joue un rôle essentiel dans le développement des larves. Chez la reine, la vitellogénine est libérée dans l’hémolymphe et transportée jusqu’à l’ovaire où elle joue un rôle dans la formation du vitellus de l’œuf (les réserves énergétiques nécessaires au développement de la larve). Chez les ouvrières, la vitellogénine intervient dans la production de la gelée royale Pour rappel, ce sont les abeilles ouvrières nourrices (entre le 5ème et le 14ème jour) qui produisent la gelée royale à l’aide de leur système glandulaire céphalique (glandes hypopharyngiennes et glandes mandibulaires).

Des abeilles « vaccinées » ?

Si l’on résume, on peut dire que les abeilles reviennent à la ruche avec de la nourriture, pollen et nectar, contenant des bactéries collectées dans l’environnement. Ces bactéries, qui sont ingérées par les abeilles adultes, sont transmises à la progéniture via la gelée royale. En mangeant, la reine digère les bactéries et les stocke dans son corps gras. De là, les bactéries sont liées à la vitellogénine utilisée pour le développement larvaire. De ce fait, les larves entrent en contact avec les bactéries et leurs systèmes immunitaires sont mieux préparés avec les maladies présentes dans leur environnement.

Cette découverte pourrait avoir des conséquences économiques majeures dans le sens où elle pourrait bénéficier aux insectes auxiliaires de l’agriculture autant qu’à la lutte antiparasitaire. L’abeille mellifère pourrait être l’une des grandes gagnantes de cette découverte scientifique !