APIMONDIA 2019 – Petit bilan

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Une ouverture très formelle

C’est au son de la cornemuse écossaise qu’a commencé la cérémonie d’ouverture d’Apimondia à Montréal. Le Canada est en effet un pays d’immigrants comme le rappelle Sedalia Kawennotas de la communauté Mokawk à la nombreuse assemblée qui s’est levée pour l’hymne canadien. Dans un discours très politique, elle suggère aussi de se lever pour la Terre-Mère, sans qui nous ne sommes rien et qui n’a nul besoin de nous. Sedalia Kawennotas n’est pas apicultrice mais elle aime les abeilles et entonne pour elles et pour la nature un chant sacré traditionnel au son de son tambour. La salle est debout. Suit le reste de la cérémonie. Peter Koznus, Président faisant fonction d’Apimondia, rend hommage aux disparus, en particulier le président Philip Mc Cabe disparu en 2018. Rod Scarlett, le Directeur exécutif du Canadian Honey Council qui regroupe environ 10.000 apiculteurs qui gèrent plus de 750.000 colonies de la Colombie britannique à la Nouvelle Ecosse en passant par la Saskatchewan et l’Ontario. On peut parler d’industrie apicole à cette échelle. Nous aurons l’occasion d’y revenir. C’est ensuite aux présidents des différentes commissions scientifiques de présenter en quelques mots les grandes tendances du programme, très dense, des trois journées suivantes. On sent déjà la difficulté qu’il y aura à faire une sélection parmi les interventions des symposia, les table-rondes et la lecture des posters. 

Quelques chiffres et une ambiance « honey honey money » chez les exposants

Le Congrès a accueilli environ 6.000 participants provenant de 80 pays. On leur a proposé 4 conférences, 48 symposiums scientifiques, 8 table rondes et 9 ateliers. Il y avait également une série de visites apicoles qui étaient possibles. Le volet d’exposition apicole a occupé 3.000 mètres carrés du Palais des congrès de Montréal avec plus de 200 kiosques d’exposants en provenance de 70 pays différents. C’était pour certains l’occasion de faire la promotion de leurs équipements apicoles, de leurs services ou de leurs produits. On aura noté à cet égard la présence massive des producteurs brésiliens de propolis verte. La présence de plusieurs délégations étrangères, la délégation chinoise par exemple, n’aura échappé à personne. Le congrès est avant tout pour certains l’occasion de conclure des affaires. Au niveau du matériel exposé, rien de bien marquant à signaler si ce n’est pas mal de copies chinoises de matériel bien connu. Rien de proprement Nord Américain si ce n’est une machine (assez chère) pour faire rapidement du miel crémeux et beaucoup beaucoup de cadres Langstroth en plastique et cire qui, selon les vendeurs, sont bien acceptés par les abeilles. Sans commentaires.

Programme scientifique

Si les synthèses qui inauguraient les 4 journées du Congrès étaient de haut niveau, le contenu des symposiums était quant à lui assez inégal. Nous aurons l’occasion de revenir plus en détail sur les conférences et les nouveautés (souvent présentées dans les séances de posters). Naturellement, l’apiculture canadienne était présentée dans une de ses réalités, celle de l’industrie apicole pourrait-on dire. Les intervenants avaient tous au minimum 2.000 ruches. Nous reviendrons également en détail sur la question de l’hivernage et de la pollinisation qui sont deux grandes caractéristiques de cette apiculture. Il est toujours intéressant de découvrir d’autres facettes d’une réalité. Etonnement garanti!

Un lieu d’échanges et de rencontres

Apimondia est aussi l’occasion de rencontrer des apiculteurs du monde entier. A Montréal, le continent sud et nord américain était largement représenté. Une façon, pour un apiculteur d’Europe de l’ouest, de réaliser que le modèle de nos petits pays est bien minoritaire. Les discussions de couloir ont aussi permis de relativiser l’impression dominante d’apiculture à large échelle: une majorité d’apiculteurs canadiens sont des petits apiculteurs, surtout au Québec et dans l’Ontario. Apimondia réunissait bel et bien les deux faces de la même pièce apicole. Et si l’on entendait clairement des apiculteurs professionnels soutenir le modèle agricole intensif basé sur l’usage des pesticides, beaucoup d’autres le dénonçaient. Dommage que leur voix ne portait pas aussi loin! Plusieurs présentations très intéressantes montraient cependant qu’un vrai questionnement existe sur les pratiques apicoles et qu’il y a un retour à certains fondamentaux pour le bien de l’environnement, de l’abeille… et de l’apiculteur. La question de l’agriculture et de l’apiculture urbaines était aussi prégnante. Montréal fait figure de ville pionnière en la matière. Nous vous donnons rendez-vous dans les articles suivants pour creuser ces différentes réalités.