UE: Fraude dans les miels d’importation

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La Commission publie aujourd’hui les résultats d’une action coordonnée visant à prendre la mesure de la falsification du miel d’importation à l’échelle de l’Union européenne (miel adultéré par l’adjonction de sucres). 16 Etats membres ainsi que la Norvège et la Suisse ont participé à l’échantillonnage. Du miel a été collecté à l’entrée aux frontières de l’UE entre novembre 2021 et février 2022.

https://audiovisual.ec.europa.eu/en/video/I-239321?&lg=INT

La DG Santé et Sécurité alimentaire de l’UE et les pays participants ont collecté les données concernant la traçabilité des informations sur les exportateurs et les importateurs suspects. Des enquêtes ont été menées ensuite avec l’aide de l’Office européen de lutte anti fraude (OLAF) sur les lieux d’importation, de mélange et de conditionnement des lots suspects.

Sur 320 échantillons prélevés aux frontières de l’UE et analysés par le Centre commun de recherche de l’UE (JRC), 147 ont été suspectés d’être non conformes, c’est-à-dire 46%. Pour rappel, entre 2015 et 2017, une précédente opération de contrôle avait établi que 14% des échantillons analysés ne correspondaient pas à la définition du miel.

Echantillons par pays participant – Source JRC – EU

Pour le plan de contrôle qui nous occupe aujourd’hui, le JRC a appliqué des méthodes différentes, avec une capacité de détection améliorée, ce qui peut expliquer ce contraste. Au total, 123 exportateurs ont fait l’objet de contrôles dont 70 (57%) ont été signalés comme ayant exporté des envois de miel suspectés d’être frelatés avec des sucres externes. 95 importateurs sont concernés. 63 importateurs ont été impliqués dans l’importation d’au moins un envoi suspect, allant jusqu’à 100% de non-conformité pour un certain nombre d’entre eux. 44 autres opérateurs ont fait l’objet d’une enquête à ce jour, parmi lesquels 9 ont été sanctionnés.

.Sur la base de ces résultats, la Commission a appelé les opérateurs à un plan d’action immédiat pour remédier à la situation qui porte atteinte aux intérêts des consommateurs et met en péril la confiance des consommateurs, sape les chaînes de valeur alimentaires, crée une concurrence déloyale pour les producteurs et les opérateurs de l’UE et compromet la crédibilité des systèmes de contrôle alimentaire.

Les opérateurs en défaut ont été sanctionnés, les lots incriminés retirés du marché. Un rappel au respect de la réglementation communautaire a été fait à tous les opérateurs et une coopération a été mise en place avec les pays tiers pour agir sur les importateurs. Une avancée que le secteur apicole ne peut que saluer.

La Directive européenne sur le miel, toujours en cours de révision actuellement, permettra également d’inclure des dispositions pour protéger encore mieux les intérêts des consommateurs et des producteurs honnêtes en imposant un étiquetage détaillé de l’origine géographique du miel.

La Commission a également invité les autorités nationales à renforcer les contrôles officiels dans le secteur afin de dissuader les pratiques frauduleuses et de continuer à sanctionner les auteurs de fraudes.

Sur la base de l’hypothèse que les sirops de sucre ajouté au miel sont propres à la consommation humaine, le risque pour la santé des consommateurs est considéré comme très faible par les autorités. Par contre, la falsification du miel avec des adjonctions de sucres met en péril la confiance des consommateurs. C’est préjudiciable aux opérateurs et à la réputation du miel.

Eviter les achats de miels frauduleux

Pour éviter d’acheter du miel frauduleux, nous conseillons aux consommateurs de faire attention aux prix d’achat. Aujourd’hui, en Wallonie et à Bruxelles, le miel de l’apiculteur est vendu au prix de 14€/kilo en moyenne. Le miel vendu au prix du sucre doit attirer l’attention des consommateurs. Nous trouvons aujourd’hui dans le commerce des miels vendus à 3,50€/kilo!

Nous conseillons de bien lire les étiquettes et de vérifier l’origine du miel. Nous espérons que la révision de la Directive Miel prendra en compte la nécessaire traçabilité du produit sur l’étiquette. Aujourd’hui, un miel NON UE peut légitimement apparaître suspect au regard du rapport de la Commission européenne.

Privilégier les apiculteurs locaux et les miels de producteurs européens

Nous conseillons aux consommateurs de se tourner vers les producteurs locaux, particulièrement ceux qui ont une démarche qualité (labels comme le Miel Wallon, IGP, analyses de miel disponibles…). C’est une manière de soutenir l’apiculture locale mise à mal par la concurrence déloyale. Les apiculteurs professionnels de l’Union européenne reçoivent des incitations négatives pour maintenir leurs activités apicoles et sont confrontés à de nombreux freins et handicaps qui ont un impact négatif sur les quantités de miel produites au sein de l’Union européenne. Les conséquences ont également un impact sur les écosystèmes et la production agricole. Il est plus que jamais urgent de prendre conscience de l’importance de la filière apicole européenne, tant en ce qui concerne les services écosystémiques que la production de miel de qualité.

Références:

Communiqué de presse de l’OLAF

Communiqué de presse du JRC

DG Santé – Action européenne coordonnée « From the Hives » (Honey 2021-2022)