Des pratiques agricoles durables et prometteuses au festival de l’agroécologie et de l’agriculture de conservation !

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La troisième édition du festival de l’agroécologie et de l’agriculture de conservation organisé par Greenotec a eu lieu ce 22 et 23 Juin dernier à la ferme de Mehaignoul (Meux). Le CARI y a tenu un stand d’information. Il est plus que jamais capital de tisser des liens positifs entre le milieu agricole et apicole.

Crédit photo: Olivier Dupuis

L’agroécologie peut se définir comme un ensemble de pratiques agricoles durables fondées sur une compréhension de l’environnement et sur une collaboration avec le vivant (auxiliaires des cultures, mycorhizes, couverts végétaux, etc). Les pratiques agroécologiques d’aujourd’hui assurent une certaine qualité environnementale et agronomique pour demain (notamment par la préservation des sols et des ressources agronomiques). Elles sont également génératrices d’externalités positives. A titre d’exemple, les haies qui peuvent être implantées dans un but agronomique de lutte contre l’érosion ou d’attraction des auxiliaires régulateurs des ravageurs offrent également une ressource alimentaire diversifiée et continue pour une multitude de pollinisateurs et d’oiseaux. Durant ce festival, plusieurs spécialistes et agriculteurs pionniers ont pris la parole pour partager leurs réflexions et leurs expériences innovantes en matière d’agronomie.

Crédit photo: Adrien Lachapelle

Parmi les intervenants, Kévin Morel, agriculteur et éleveur (Aubracs/Charolaises) dans le département de la Marne (France) a présenté une méthode innovante de pâturage tournant dynamique, potentiellement génératrice de ressources mellifères. Cette méthode consiste à diviser les parcelles de pâtures en couloirs dans lesquels les vaches progressent jour après jour pour ne pas rester plus de 24 heures sur une même zone. Le pâturage tournant dynamique présente de nombreux avantages car il supprime les problèmes de surpâturage, il permet de mieux répartir la matière organique sur la surface de pâture et garantit une alimentation riche basée exclusivement sur une herbe de qualité tout au long de l’année. Pour le moment, Kévin construit les couloirs au moyen de fils électriques mais pense les remplacer ultérieurement par l’implantation de haies, ce qui augmenterait considérablement l’offre mellifère du paysage et serait bénéfique pour l’entomofaune pollinisatrice. De plus, les prairies non exposées au surpâturage sont garantes d’une flore herbagère diversifiée. Pour la gestion des haies (implantation, taille,…), une collaboration avec un apiculteur de la région pourrait être envisagée, la taille des haies pouvant s’effectuer en fin d’été, lorsque la saison apicole diminue en intensité.

Crédit photo: Adrien Lachapelle

Ensuite, Marc André Selosse, spécialiste en mycologie a tenu une conférence sur la symbiose qui existe entre les fabacées et les champignons. Cette dernière repose sur un échange entre la plante (qui fournit du sucre obtenu par photosynthèse) et le champignon (qui fournit de l’azote capté depuis l’atmosphère). Afin d’obtenir une microflore diversifiée de mycorhize dans le sol (qui s’avère très utile pour la prochaine culture de céréale), il est important de diversifier les espèces de plantes de la culture précédente. Si ces dernières sont mellifères et fleurissent à un moment opportun pour l’entomofaune pollinisatrice, elles offrent alors une ressource mellifère diversifiée.

Enfin, en ce qui concerne la gestion des auxiliaires de cultures (dont de plus en plus d’agriculteurs sont convaincus de leur utilité), Natagriwal propose l’implantation de sureaux et de noisetiers dans des bandes fleuries à proximité des cultures d’intérêts, ce qui permet d’attirer des pucerons spécifiques à ces essences. La présence de ces derniers (non néfastes pour la culture d’intérêt) attirent les auxiliaires mangeurs de pucerons (coccinelles, micro guêpes, syrphes, chrysopes…) qui s’installent alors à proximité de la culture d’intérêt. Ces derniers sont ainsi présents pour réguler les futures populations de pucerons ravageurs de la culture d’intérêt. Cette régulation naturelle permet à la fois de diminuer (voir de supprimer) l’utilisation d’insecticides et d’augmenter l’offre mellifère du paysage. En effet, afin d’attirer au mieux ces auxiliaires au sein même de la culture, certains agriculteurs réfléchissent à l’implantation de bandes fleuries dans la culture d’intérêt.

Pour conclure, ces nouvelles pratiques agroécologiques ouvrent le champs des possibles, notamment en terme de gestion agricole en faveur de la biodiversité. De plus en plus d’agriculteurs sont désireux de se diriger vers des systèmes agricoles plus résilients, plus autonomes et plus respectueux de l’environnement, comme en témoigne le succès de cette troisième édition du festival de l’agroécologie et de l’agriculture de conservation. Une majorité de jeunes agriculteurs étaient présents lors de cet évènement, indicateur d’un engouement certain de cette génération pour des pratiques agricoles durables dans une démarche agroécologique.