Natura 2000 : retour sur la controverse bruxelloise

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Difficile de ne pas être au courant de la menace qui plane sur la pratique apicole à Bruxelles tant le sujet a enflammé les médias.  Tout est parti de la question parlementaire de Bianca Debaets (Députée CD&V au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale), basée sur la publication scientifique française (1) récemment parue dans PlosOne. L’étude formule des recommandations quant à la cohabitation abeilles sauvages-abeilles mellifères dans Paris. Les questions de Mme Debaets portent sur la densité de ruches dans la Région Bruxelles-Capitale et  sur la ligne politique du Ministre Maron et de son administration (Bruxelles Environnement):

Le Ministre Alain Maron (Ecolo) – CC BY-SA 4.0Vincianepirottin 

“ 1- Combien de ruches la Région / Bruxelles Environnement ont-ils installées dans la Région dans le cadre de la biodiversité ? Savez-vous combien de ruches Bruxelles compte au total ? Quelle augmentation les ruches ont-elles connue depuis l’an dernier ? A-t-on décidé du nombre de ruches qu’on installera l’an prochain ? Le secteur privé a-t-il également été encouragé à installer des ruches sur ses toits, etc. ? Quel budget dégage-t-on pour l’installation et la maintenance de ces ruches ?

2- Pouvez-vous donner un relevé des lieux d’implantation de ces ruches? Sur quels critères se base-t-on ? Par exemple, a-t-on veillé à ce qu’elles soient suffisamment bien réparties ? Comment Bruxelles Environnement s’assure-t-il que les abeilles mellifères sont bien soignées ? Par exemple, l’administration compte-t-elle des apiculteurs en son sein afin de s’occuper des ruches ?

3- Ce gouvernement a-t-il décidé que les abeilles/ruches sont un outil de promotion de la biodiversité à Bruxelles ?

4- Sur la base de ladite étude, veillerez-vous à ce que des mesures d’accompagnement suffisantes soient prises afin de maintenir à niveau la population d’abeilles sauvages? Par exemple, plantera-t-on davantage de verdure / fleurs sur les sites d’implantation des ruches (régionales) ? « 

Première remarque. Une partie des questions porte sur la localisation des ruchers et le nombre de ruches. Ces questions sont bien naturelles mais, dans les faits, touchent un sujet qui ne fait pas consensus dans le monde apicole. Est-ce une sorte de tradition ou une barrière psychologique plus ou moins irrationnelle? De nombreux apiculteurs, sur l’ensemble du territoire belge, éprouvent une sérieuse difficulté à envisager la totale transparence en ce qui concerne le nombre de ruches élevées et l’endroit où elles le sont. L’adage “pour vivre heureux vivons caché” est solidement ancré dans la communauté apicole. Cet individualisme méfiant rencontre aujourd’hui des impératifs de gestion administrative. L’association Bruxelles m’abeilles, anciennement la Société Royale des Apiculteurs de Bruxelles et environs (SRABE), s’est prononcée en faveur d’un “cadastre apicole” dans un récent communiqué à ses membres. 

Deuxième remarque. Les questions se focalisent clairement sur ce qu’on pourrait appeler les “ruches de la biodiversité” c’est-à-dire des ruches installées à l’origine pour illustrer la question de la pollinisation et du rapport fondamental au végétal mais qui ont aussi été largement utilisées par les entreprises pour se donner “une image verte”. L’association Apis Bruoc Sella a été précurseur à Bruxelles pour fournir ce service. Dans le cadre d’un projet de science participative, l’association a implanté son premier rucher sur une toiture verte de l’Université Libre de Bruxelles au campus de la Plaine en 2004. D’autres ruchers ont suivi dans des endroits stratégiques assurant aux abeilles et au message que l’on souhaitait leur faire véhiculer une visibilité certaine pour le monde politique et pour le grand public:  sur les toits du Comité Économique et Social Européen, de la bibliothèque communale d’Ixelles, du Thon Hotel de la rue de la Loi, du magasin Caméléon à Woluwe, de la Maison communale de Molenbeek-Saint-Jean, de la Cité administrative place Debrouckère… Un battage médiatique général et savamment orchestré faisait alors des abeilles mellifères de solides vecteurs de la communication environnementale et de l’éducation à l’environnement. Quant à Bruxelles Environnement (IBGE), l’institut a pris une part active aux activités de l’apiculture bruxelloise dans un passé récent. En 2004, un partenariat a été conclu avec la Société Royale des Apiculteurs de Bruxelles et environs (SRABE) et l’Université Libre de Bruxelles pour déterminer la qualité de l’environnement atmosphérique bruxellois à travers un réseau de sept ruches basées à proximité des capteurs de l’IBGE. L’étude s’est étendue à l’analyse de la qualité du miel produit en région bruxelloise. L’abeille mellifère était alors largement considérée pour ce qu’elle est: une espèce bio-indicatrice (2), une sentinelle écologique grâce à laquelle un diagnostic environnemental et un suivi des milieux peut être assuré. 

Capture d’écran 29/01/20 – site Apis Bruoc Sella

Troisième remarque. La question du soutien aux abeilles sauvages est posée au final, suggérant l’un des moyens pour le faire: l’amélioration de l’environnement végétal et des ressources alimentaires. 

Les questions de Bianca Debaets réclament des données factuelles et un éclairage quant à la politique de Bruxelles Environnement et du Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de la Transition climatique, de l’Environnement, de l’Energie et de la Démocratie participative, Alain Maron (Ecolo). Examinons et commentons les réponses du Ministre: 

1.Combien de ruches la Région de Bruxelles-Capitale/Bruxelles Environnement ont-ils placé sur le territoire régional dans un objectif de biodiversité ?

Le Ministre Maron:

“Bruxelles Environnement a historiquement mis une vingtaine de sites à disposition d’apiculteurs, dans les espaces verts et potagers, à une époque où aucun problème écologique n’était suspecté. On sait à présent que les ruches représentent un risque écologique probable pour les populations d’abeilles sauvages, sur 600m et jusqu’à environ 1200 mètres d’un rucher, comme l’ont montré plusieurs études récentes et comme le suggèrent les données récoltées par l’Université Libre de Bruxelles sur le territoire régional. Une nouvelle position est donc en cours d’implémentation d’ici au printemps 2020 : 

Les ruchers seront supprimés des zones Natura 2000, conformément aux demandes du Conseil supérieur bruxellois de la conservation de la nature, formulées en avril 2017 – ceux présents dans les réserves naturelles avaient déjà été supprimés ;

Des ruchers dans certains sites de potagers familiaux seront conservés, en renforçant leur rôle pédagogique sur la relation entre les abeilles et la production alimentaire, en favorisant l’apiculture douce et en garantissant le respect des législations fédérales (notamment la déclaration à l’AFSCA).”

Le Ministre insiste sur un effet d’annonce largement relayé par la presse à savoir que “les ruches seront supprimées des zones Natura 2000” avec date d’effet au printemps 2020. Comme la tendance est à la relocalisation de la production alimentaire, des exceptions sont évoquées dans le contexte des potagers urbains. Cette décision a surpris les représentants de Bruxelles M’Abeilles et a été ressentie brutalement par la communauté apicole bruxelloise, toujours constructive et favorable à l’éducation des apiculteurs et du grand public à tous les pollinisateurs. Pour justifier sa position, le ministre évoque un risque probable pour les abeilles sauvages (sans précision et sans évoquer le caractère fortement contextuel des études) et l’avis rendu le 6 mars 2017 par le Conseil supérieur bruxellois de la conservation de la nature (CSBCN), un organe consultatif où siègent des naturalistes et des scientifiques. On retrouve parmi ces derniers des spécialistes bien connus des abeilles sauvages, Isabelle Coppée (Institut royal des sciences naturelles de Belgique) et Nicolas Vereecken (ULB). 

En ce qui concerne le concept “d’apiculture douce”, tout reste à être clairement défini. Il serait pertinent de profiter de l’expertise de Bruxelles M’abeilles qui sait quels sont les impératifs de la pratique apicole en milieu urbain intégrant des paramètres comme la densité de population (gestion de l’essaimage) et l’évaluation du potentiel mellifère environnant un rucher. 

2.Savez-vous combien il y a de ruches au total à Bruxelles ? Quelle est la croissance des ruches depuis l’an dernier ?

Le Ministre Maron:

Nous ne disposons pas des chiffres exacts. Ce sera l’enjeu des prochaines années de mettre en place un cadastre apicole basé sur des déclarations annuelles obligatoires.

En 2015, un inventaire participatif non exhaustif faisait état de 323 ruches dans 118 ruchers. Certains intervenants du secteur estimaient que le chiffre réel devait facilement être doublé, voire triplé. L’intérêt de cet exercice était d’être spatialisé.

Depuis 2016, la société royale d’apiculture de Bruxelles et ses environs (SRABE) applique à la région bruxelloise la méthodologie employée par la Région Wallonne pour le dénombrement annuel (en vue de communiquer les chiffres à l’Union Européenne pour percevoir les aides au secteur) ; ils estimaient le cheptel bruxellois à 844 colonies en 2016, 701 en 2017 et 456 en 2018, traduisant une diminution du nombre de ruches. Outre la mortalité hivernale et les conditions météorologiques des dernières années, certains intervenants formulent l’hypothèse qu’il s’agirait déjà d’une preuve de la surdensité de ruches en fonction des ressources alimentaires disponibles.

Il s’agit par ailleurs d’une méthode déclarative, extrapolée sur 25% des membres de la fédération ; on ne dispose donc pas d’information sur les non-membres. La méthode garantit l’anonymat des apiculteurs en raison des craintes de ces derniers de faire l’objet de contrôles par les autorités (sur les plans sanitaire ou économique).”

Le Ministre juge implicitement insuffisante la méthode de dénombrement des ruches adoptée par la Région Wallonne en vue d’en informer l’Union européenne pour percevoir les aides agricoles au secteur: méthode déclarative, extrapolation du résultat, anonymat… De fait, la méthodologie est sans doute un compromis entre ce qui est accepté par les apiculteurs et ce qui est acceptable par l’administration. Reconnaissons que cet état de fait n’associe hélas pas le secteur apicole à des signaux de probité et de transparence. 

3.Pouvez-vous nous donner un aperçu de l’emplacement de ces ruches ? Sur la base de quels critères : par exemple, s’est-il assuré qu’il était suffisamment diffus ? 

Le Ministre Maron:

« Il est déjà difficile d’estimer le nombre de ruches dans notre région, faute de déclaration obligatoire et standardisée, mais rendre compte de leur localisation est encore plus compliqué en raison du souhait des apiculteurs de garder leur anonymat évoqué plus haut.

Ces dernières années, on constate une augmentation du nombre de ruches dans l’hyper-centre urbain dense, notamment en raison d’un phénomène de « parrainage », conduisant des entreprises et institutions publiques à s’associer à des apiculteurs pour installer des ruches sur leurs terrains, toitures, etc. L’installation de ces ruchers est soumise à des règles de distance des habitations ou de la voie publique détaillées sur le site de Bruxelles Environnement. Les autres ruchers sont essentiellement situés en bordure des espaces verts, réserves et sites Natura 2000, ce qui pose question quant à la pression exercée sur la biodiversité de ces sites à protéger. »

Deux dossiers différents sont évoqués ici. Le premier concerne “l’hyper-centre urbain” où, sans aucun chiffre à l’appui, puisqu’il n’y en a pas, il est déclaré une augmentation du nombre de ruches. L’argument reste empirique tant que la preuve de cette densité n’est pas apportée. 

Ruches sur le toit du Sénat bruxellois – Photo: Yves Van Parys

Le deuxième dossier concerne les réserves naturelles et les sites classés Natura 2000 qui sont associés dans la réponse mais qu’il est nécessaire de dissocier pour bien en comprendre la nuance. Pour rappel, les réserves naturelles sont des aires protégées des activités humaines, jugées dangereuses (pollutions, incendies, exploitations irraisonnées, piétinements, chasse…) dans le but de préserver et gérer des habitats et/ou des espèces remarquables ou menacés. Le but n’est évidemment pas de souligner ici le paradoxe intrinsèque qui fait cohabiter dans ces zones les plans de gestion et le qualificatif de “naturel”. Bruxelles a classé 14 réserves naturelles (130 ha) et 2 réserves forestières (112 ha). Par décision politique, l’apiculture y a déjà été interdite. 

Natura 2000 est un réseau européen destiné à répondre aux obligations  de la Convention de Berne sur la conservation de la faune et des habitats naturels qui a été signé par l’Union européenne. L’objectif du réseau est d’assurer la survie à long terme des espèces et des habitats les plus précieux et menacés d’Europe, répertoriés à la fois dans le cadre de la directive Oiseaux et de la directive Habitats. Il ne s’agit pas d’un système de réserves naturelles strictes dont toutes les activités humaines seraient exclues. La plupart des terres restent privées. L’approche de la conservation et de l’utilisation durable des zones Natura 2000 est beaucoup plus large, en grosse partie centrée sur les personnes travaillant avec la nature plutôt que contre elle. Les États membres sont d’ailleurs encouragés à veiller à ce que les sites soient gérés de manière durable en intégrant les paramètres la fois écologiques, sociaux, historiques et économiques. Poser la question de la pertinence de la pratique apicole dans les zones Natura 2000, à Bruxelles et ailleurs, est un dossier délicat sur lequel nous aurons l’occasion de revenir en détail. L’apiculture est une activité traditionnelle, qualifiée d’élevage environnemental. Sa pratique, en Europe et a fortiori en ville, est bien loin des modèles américains de production intensive. Les apiculteurs belges sont majoritairement des citoyens conscients des enjeux environnementaux, bien souvent sympatisants des associations environnementalistes et engagés dans un discours inclusif pour une meilleure connaissance des pollinisateurs en général. Ils sont les alliés historiques des combats environnementaux et beaucoup comprennent mal une stigmatisation de leur pratique. Il est conseillé par l’Union européenne d’intégrer tous les usagers des zones Natura 2000 dans un dialogue constructif pour ne pas déforcer les objectifs à atteindre et, au contraire, pour trouver des terrains d’entente. Les apiculteurs bruxellois se déclarent ouverts à la concertation. Ajoutons qu’un espace n’est pas un autre et que l’intelligence et la nuance qui devrait l’accompagner conduiraient à une gestion au cas-par-cas plutôt qu’à une interdiction généralisée.  

Localisation des zones Natura 2000 dans la région de Bruxelles-Capitale – IBGE

4. A-t-on décidé du nombre de ruches à placer l’année prochaine, encouragé le secteur privé à placer des ruches sur leurs toits, etc. Quel budget sera disponible pour la construction et l’entretien de ces ruches ?

Le Ministre Maron:

« Bruxelles Environnement réfléchit à la meilleure méthode d’estimation du nombre de ruches souhaitables sur le territoire régional. 

Dans l’intervalle, mon administration déconseille l’installation de nouvelles ruches, en particulier dans les projets d’entreprises, et a fortiori dans les zones du centre-ville et de la première couronne. Lorsque le Facilitateur Nature est interrogé à ce propos, il renvoie systématiquement vers des aménagements alternatifs au profit de la biodiversité (installation de nichoirs pour oiseaux, végétalisation…).

L’installation de ruches n’est également plus soutenue dans les appels à projets, au profit ici aussi d’aménagements favorisant la faune sauvage.« 

Les choix politiques sont ici clairement énoncés à défaut d’être clairement motivés. Espérons que la réflexion de Bruxelles Environnement sera étayée par une consultation des apiculteurs et par une interprétation correcte des quelques données dont la science dispose qui sont, répétons-le, très ciblées et liées à un contexte précis. Une situation n’est pas l’autre. Une ville n’est pas l’autre.

5. Comment Bruxelles Environnement s’assure-t-il que les abeilles mellifères sont bien soignées ? Par exemple, y a-t-il des apiculteurs présents dans l’administration pour s’occuper des ruches ?

Le Ministre Maron:

« La santé du cheptel apicole est une compétence fédérale, surveillée par l’AFSCA.Pour ce qui concerne spécifiquement les pratiques et l’état de santé des ruches dans les espaces régionaux, suite à des changements dans ses équipes, Bruxelles Environnement devra former de nouveaux apiculteurs pour pouvoir s’assurer sur le terrain que les pratiques soient effectivement respectueuses des abeilles.« 

Il en est pris bonne note.

6. Ce gouvernement a-t-il décidé que les abeilles (et ruches) sont un outil pour augmenter la biodiversité à Bruxelles ?

Le Ministre Maron:

« Les pollinisateurs dans leur ensemble sont considérés comme indispensables à l’équilibre de notre écosystème et au maintien de la biodiversité. 

La volonté est donc d’adopter une approche intégrative, tenant compte de la diversité de tous les pollinisateurs, et pas uniquement de la production apicole ou de l’état des populations d’abeilles domestiques.« 

Aucun apiculteur ne devrait trouver d’objection à cet objectif. Notons la formule “approche intégrative” qui n’interdit donc pas la pratique apicole raisonnée. Les apiculteurs devraient pouvoir continuer, a priori, à élever des abeilles et à jouer leur rôle de lançeurs d’alertes environnementaux.  

7. Sur la base de cette étude, le ministre veillera-t-il à ce que des mesures d’accompagnement suffisantes soient prises pour maintenir la population d’abeilles sauvages ? Y aura-t-il, par exemple, plus de végétation/de fleurs dans les endroits où les ruches (régionales) sont placées ?         

Le Ministre Maron:

« La stratégie régionale en cours de finalisation au niveau de Bruxelles Environnement, en parallèle de la stratégie nationale également en projet, abordera spécifiquement ces questions. Un important travail d’inventaire des abeilles sauvages est également en route : www.wildbnb.brussels. 

Le projet permettra d’établir une liste rouge des espèces les plus vulnérables, et abordera les mesures de conservation à implémenter pour les protéger.

La stratégie bruxelloise viendra par ailleurs préciser certaines orientations à développer dans le cadre des autres documents d’orientation régionaux, qu’il s’agisse du Plan nature, du Programme de réduction des pesticides ou encore du futur Programme agro-écologique. Il y aura donc une série de mesures visant à optimiser l’effort de végétalisation urbaine pour en garantir l’intérêt pour les pollinisateurs, pour ne pas simplement « verdir » la ville sans contribuer à l’augmentation des ressources.« 

Réjouissons-nous de cette prise de position pour une végétalisation urbaine intelligente. Nous attendons avec impatience des résultats relatifs à l’identification et à la localisation des espèces sauvages menacées, en complément de la Liste rouge des abeilles sauvages de Belgique récemment éditée. Quant au projet Wildbnb, le travail pédagogique et participatif fourni est très louable. Souhaitons que le discours qui accompagne cette démarche soit nuancé et dépassionné, y compris sur les réseaux sociaux où s’expriment les gestionnaires du projet. Cela ne ferait que grandir la cause de la protection des pollinisateurs sauvages et assurerait une unanime adhésion au projet.

Groupe Facebook Wildbnb – copie d’écran

Pour finir, nous nous interrogeons sur la pertinence de l’agenda conduisant à déclarer une interdiction sans nuance des ruches en zone Natura 2000 alors même que les stratégies régionale et nationale ne sont pas finalisées. Le bon sens ne dicterait-il pas une prise de décision après avoir présenté les résultats des recherches en cours?


A lire pour connaître les réalités de l’apiculture bruxelloise: Abeilles&Cie n° 181.

http://www.cari.be/medias/abcie_articles/181_conseils.pdf

(1) Ropars, L., Dajoz, I., Fontaine, C., Muratet, A., & Geslin, B. (2019). Wild pollinator activity negatively related to honey bee colony densities in urban context. PLoS One, 14(9).

(2) Toutes les espèces ne sont pas des bio-indicateurs. Pour être une espèce bio-indicatrice, il faut :

  • pouvoir accumuler un polluant sans être tué par le niveau des polluants présents dans l’environnement;
  • être sédentaire de façon à obtenir la certitude que les concentrations trouvées sont liées au site géographique d’où le prélèvement a été fait;
  • être abondante dans l’ensemble de la zone étudiée et si possible avoir une distribution biogéographique étendue afin de favoriser les comparaisons entre zones distinctes;
  • permettre un échantillonnage sur plusieurs classes d’âge si nécessaire, pour permettre l’obtention d’une indication de l’accumulation des polluants à long terme;
  • être de taille suffisante pour fournir des tissus ou des produits en quantité suffisante pour les analyses;
  • être facile à échantillonner et suffisamment résistante pour être utilisée dans des expériences en laboratoire.