Des cimetières jardins

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source: http://www.bruded.org/vegetalisation-des-rues-et-du-cimetiere-a-guipel.html

Après le Plan MAYA de la Région Wallonne qui a fortement contribué à changer les pratiques de gestion des espaces publics, c’est la Région de Bruxelles-Capitale qui passe le cap des espaces publics sans pesticides. Un cycle de formation est organisé à ce sujet par Bruxelles Environnement et Apis Bruoc Sella. Le 8 octobre dernier la première journée était consacrée à la problématique des cimetières. En décembre, ce sera « les terrains de sport » et en février « les voiries ». De ces trois thématiques, « les cimetières » est sans doute celle qui a la plus grande charge émotionnelle. La moindre herbe qui pousse est signe de manque d’entretien et des termes forts ne manquent pas de surgir comme le terme de « profanation » utilisé par un journaliste au moment de la conversion des cimetières strasbourgeois à des méthodes alternatives d’entretien. Pour Marc Cools, échevin de l’environnement de la commune d’Uccle, c’est « un des thèmes politiques les plus délicats. » En amont, un vrai dialogue doit être instauré avec la population pour expliquer la démarche de réduction et de suppression des produits de traitement dangereux pour la santé humaine et animale et nocifs pour l’environnement (sous-sols, végétation, nappes phréatiques, etc.). Ensuite, il est nécessaire d’informer les usagers par des panneaux d’affichages qui expliquent la démarche. Pour Christophe Bourgois, responsable Agenda 21 de la commune d’Anderlecht, l’entretien alternatif d’un cimetière implique la pleine collaboration des équipes d’ouvriers concernés. A Anderlecht, le cimetière du Vogelzang a intégré le Réseau Nature de Natagora en 2014. Les allées et les chemins sont désherbés mécaniquement. Des pelouses et des talus sont gérés en pré de fauche. Des arbres sont préservés ou replantés. De nouveaux semis et de nouvelles plantations d’espères fleuries locales sont aménagés. Au final, des espèces rares d’orchidées refleurissent et des espèces d’abeilles sauvages ont pu être observées (macropis fulvipes par exemple) ainsi que le hibou moyen duc.

Comme l’a expliqué Pascal Colomb de la société Ecowal, il est parfaitement possible de mettre en place une gestion différenciée des cimetières qui soit compatible avec l’entretien d’un tel lieu en respectant la sensibilité des usagers. Un cimetière minéral nettoyé au glyphosate n’est pas une fatalité. On peut assez facilement entamer une conversion vers un cimetière de type parc, plus vert, bien structuré, accueillant pour de nombreuses espèces animales et végétales et respectueux de la santé du personnel d’entretien, des enfants, des animaux domestiques et des abeilles. Quelques exemples :

  • des haies structurantes, faites à partir d’essences qui ne perdent pas leurs feuilles avant la Toussaint, (l’if, le houx, le buis et même le hêtre) permettent de créer un sentiment d’intimité ;
  •  dans les zones d’extension, des prairies fleuries sélectionnées nécessitant deux fauches par an apportent un espace naturel agréable ;
  • des semis de pelouses tôt au printemps dans les allées de gravier verdissent très vite un cimetière à condition que le mélange utilisé soit à faible croissance et résistant au piétinement. 5% de fleurs sauvages adaptées aux pelouses, c’est-à-dire pas trop hautes, peuvent même être envisagées;
  • des tapis de sedums ou des plantes couvre sol peuvent être installés dans les espaces peu larges entre les tombes ;
  • une conversion aux pierres tombales végétalisées ou jardinées peut être proposée au public à l’image de ce qui se fait en Grande-Bretagne ou en Allemagne ;
  • les aires de dispersion peuvent accueillir des structures ornementales mais aussi des vivaces en couvre sol ;
  • les murs d’enceinte sont moins austères avec une glycine ou même des fruitiers palissés;

Le cimetière de Gelbressée dans le Namurois est un bon exemple de conversion réussie. De nombreuses solutions sont possibles pour qu’un esprit jardin se substitue à l’austérité d’un cimetière. Le préalable est le zéro pesticide.