Dépression de consanguinité chez le frelon asiatique en Europe

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CC-Didier Descouens

CC-Didier Descouens

Une équipe de l’Université de Tours (Institut de Recherche sur la Biologie de l’Insecte) s’est penchée sur la production de mâles dans les colonies de frelons asiatiques (Vespa velutina). Pour les chercheurs, le rôle potentiel des mâles dans les stratégies alternatives de reproduction des colonies n’est pas à négliger pour comprendre les données du problème posé par l’espèce invasive en Europe et pour peut-être espérer un début de solution.  Plusieurs facteurs biologiques et environnementaux ont sans doute contribué à la réussite de l’intégration de Vespa velutina en Europe : conditions climatiques favorables, proies abondantes, absence de prédateurs, stratégie d’accouplement multiple propre aux hyménoptères et la production précoce de mâles.

Les données récoltées par les chercheurs montrent en effet que les colonies de Vespa velutina produisent un petit nombre de mâles haploïdes (féconds – une paire de chromosomes) avant la saison de reproduction qui se situe à la fin de l’été. La raison de ce comportement est inexpliquée. Est-ce pour assurer un accouplement précoce avec des reines vierges à la sortie de l’hiver ? Est-ce pour féconder des ouvrières dans des colonies orphelines qui deviendraient alors de nouvelles reines fondatrices de nouvelles colonies ? Ces hypothèses ne sont pas vérifiées mais cela relève sans doute d’une stratégie de reproduction de la colonie. Comme c’est le cas pour tous les hyménoptères, les reines des colonies de Vespa velutina s’accouplent avec plusieurs mâles haploïdes pour assurer le brassage génétique. Les chercheurs ont cependant remarqué que le nombre de mâles participant à l’accouplement est bien inférieur chez Vespa velutina en Europe que chez les autres espèces de guêpes ou de frelons. Cela pourrait s’expliquer par un phénomène de consanguinité, de dérive génétique propre aux espèces invasives. La diversité génétique réduite impliquerait la production en plus grand nombre de mâles diploïdes (stériles – deux paires de chromosomes). Faut-il voir dans ce phénomène une lueur d’espoir concernant la propagation de l’espèce ? Soit l’espèce va freiner son expansion, soit elle va développer une stratégie d’adaptation face à cette situation. Seul l’avenir nous le dira.